Archives de Tag: racisme

Carambolage, SANÉ Insa

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Carambolage d’Insa Sané. Nathan, 2023. Collection Court toujours. 8,50€.

Sur le site de l’éditeur.

La page Wikipédia de l’auteur.

Fonds du CDI.

Un devoir de groupe à rendre. Deux lycéens. Un jeune homme, une jeune femme. Une société.
Deux France.
Deux points de vue.
Une rencontre. Des étincelles.

Encore une lecture courte je vais finir par rattraper mon retard dans les collections de lecture rapide. J’aime beaucoup la plume d’Insa Sané et l’histoire est intéressante. J’ai trouvé cependant qu’elle s’arrêtait trop rapidement et de façon attendue alors que j’aurais voulu avoir un peu plus d’échanges entre les deux personnages. La construction du roman est intéressante avec des flashbacks car sinon l’histoire se déroule sur environ 1 ou 2 heures. C’était intéressant d’avoir aussi le point de vue de Christelle mais j’aurais voulu un peu plus de détails de son côté. Après le texte reste fort dans son évocation de la banlieue et des préjugés à son égard, et très court donc percutant pour des élèves non ou petits lecteurs.

Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage, ANGELOU Maya

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Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage de Maya Angelou. Le livre de poche, 2012. 7,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Page Wikipédia de l’auteure.

Fonds du CDI.

Dans ce récit, considéré aujourd’hui comme un classique de la littérature américaine, Maya Angelou relate son parcours hors du commun, ses débuts d’écrivain et de militante dans l’Amérique des années 1960 marquée par le racisme anti-Noir, ses combats, ses amours. Son témoignage, dénué de la moindre complaisance, révèle une personnalité exemplaire. À la lire, on mesure – mieux encore – le chemin parcouru par la société américaine en moins d’un demi-siècle…

Un classique de la littérature américaine cité dans chaque livre sur le féminisme que j’ai pu lire. Forcément je devais finir par le lire. Il s’agit en fait du premier tome de l’autobiographie de Maya Angelou qui retrace son enfance jusqu’à ses 17 ans. Les sujets abordés sont souvent durs entre ségrégation raciale et violences sexuelles mais malgré tout on retrouve un peu d’innocence infantile. La galerie de personnages secondaires est passionnante et le récit parfois très visuel.

Arpenter la nuit, MOTTLEY Leila

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Arpenter la nuit de Leila Mottley. Albin Michel, 2022. 21,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

La page Wikipédia de l’auteure.

Acheté pour le CDI.

Kiara, dix-sept ans, et son frère aîné Marcus vivotent dans un immeuble d’East Oakland. Livrés à eux-mêmes, ils ont vu leur famille fracturée par la mort et par la prison. Si Marcus rêve de faire carrière dans le rap, sa sœur se démène pour trouver du travail et payer le loyer. Mais les dettes s’accumulent et l’expulsion approche. Un soir, ce qui commence comme un malentendu avec un inconnu devient aux yeux de Kiara le seul moyen de s’en sortir. Elle décide de vendre son corps, d’arpenter la nuit. Rien ne l’a pourtant préparée à la violence de cet univers, et surtout pas à la banale arrestation qui va la précipiter dans un enfer qu’elle n’aurait jamais imaginé.

Un roman que j’avais repéré lors de la rentrée littéraire en septembre et que j’ai décidé d’acheter en fin d’année, grâce à un reliquat de budget me permettant d’acheter des titres que je n’aurais peut-être pas privilégié sinon. J’ai voulu m’en garder la primeur donc il n’a pas encore été mis à disposition des élèves. C’est un très beau roman, une histoire très dure mais une écriture très belle. Les personnages sont fouillés et pas manichéens. On ne peut pas nier que toute une partie est très glauque mais finalement elle prend fin plus vite que je ne pensais au départ pour permettre au roman de se diriger vers un début d’espoir, une respiration. Une auteure à suivre.

 

Le chant de nos filles, SPERA Deb

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Le chant de nos filles de Deb Spera. Pocket, 2021. 7,95 €.

Sur le site de l’éditeur.

Fonds du CDI.

1924, Caroline du Sud. Alors que la région a vu ses plantations et son économie dévastées, Gertrude, mère de quatre enfants, doit prendre une décision terrible. Elle est prête à tout pour sauver ses filles de la famine et échapper à son mari violent. Retta, elle, navigue dans un monde difficile en tant qu’esclave affranchie employée par les Coles, autrefois propriétaires de sa famille. Enfin, Annie Coles, la matriarche, doit faire face à la sinistre vérité qui a déchiré les siens. Ces trois femmes n’ont apparemment rien en commun. Mais le destin va pourtant les unir, lorsque chacune décidera de faire face, à sa manière, pour que prennent fin les injustices…

J’ai l’art de choisir mes lectures… Pour les vacances comment se vider la tête avec une histoire chorale où le glauque se dessine peu à peu et où le secrets enfouis se font bientôt entendre. Du léger donc… Une histoire de femmes. Elles sont 3, à se débattre avec leurs problèmes, la violence de l’époque, les inégalités dues à leur sexe, leur couleur de peau ou leur statut et finalement à devoir interagir entre elles et se soutenir pour avancer et surtout préserver du monde dans lequel elles vivent les filles de l’une d’elle. La description qui est faite de l’époque et de la région ne font pas vraiment rêver, on est loin du rêve américain et du clinquant des années folles. C’est plutôt saleté, désespoir et misère à chaque page. Mais une très belle plume.

Americanah, ADICHIE Chimamanda Ngozi

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Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie. Gallimard, 2014. 9,20 €.

Sur le site de l’éditeur.

Page Wikipédia et site de l’auteure.

Fonds du CDI.

Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique, qui compte bien la rejoindre. Mais comment rester soi lorsqu’on change de pays, et lorsque la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés ?

Voilà une lecture qui a été très compliquée… J’ai acheté le roman pour le CDI il y a quelques temps après en avoir lu beaucoup de bien. Il n’a jamais été emprunté et est dans ma pile à lire depuis longtemps pour trouver comment en faire la promo auprès des élèves. Et je l’ai enfin commencé mi-octobre pendant les dernières vacances… pour le finir tout juste après 9 semaines de lecture. J’ai eu beaucoup de mal à entrer dedans, ne m’attachant pas vraiment aux personnages et n’ayant pas vraiment d’intérêt dans leurs histoires. Peut-être un trop grand décalage avec l’héroïne dont les préoccupations, bien que très justes et pertinentes, ne sont pas les miennes. La difficulté ne vient pas de la trame, même si la construction peut être dérangeante, mais vraiment de l’identification. Rien ne m’a transporté et rien ne m’accrochait vraiment pour me forcer à continuer la lecture. Du coup ça va être compliqué pour moi d’en faire la promo… Déçue de ne pas avoir été emportée après en avoir lu beaucoup de bien.

Blanc autour, LUPANO Wilfrid, FERT Stéphane

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Blanc autour de Wilfrid Lupano et Stéphane Fert. Dargaud, 2021. 19,99 €.

Sur le site de l’éditeur.

La page Wikipédia de Wilfrid Lupano.

Acheté pour le CDI.

1832, Canterbury. Dans cette petite ville du Connecticut, l’institutrice Prudence Crandall s’occupe d’une école pour filles. Un jour, elle accueille dans sa classe une jeune noire, Sarah. La population blanche locale voit immédiatement cette « exception » comme une menace. Même si l’esclavage n’est plus pratiqué dans la plupart des États du Nord, l’Amérique blanche reste hantée par le spectre de Nat Turner : un an plus tôt, en Virginie, cet esclave noir qui savait lire et écrire a pris la tête d’une révolte sanglante. Pour les habitants de Canterbury, instruction rime désormais avec insurrection. Ils menacent de retirer leurs filles de l’école si la jeune Sarah reste admise. Prudence Crandall les prend au mot et l’école devient la première école pour jeunes filles noires des États-Unis, trente ans avant l’abolition de l’esclavage. Nassées au coeur d’une communauté ultra-hostile, quelques jeunes filles noires venues d’un peu partout pour étudier vont prendre conscience malgré elles du danger qu’elles incarnent et de la haine qu’elles suscitent dès lors qu’elles ont le culot de vouloir s’élever au-dessus de leur condition. La contre-attaque de la bonne société sera menée par le juge Judson, qui portera l’affaire devant les tribunaux du Connecticut.

Une très belle bande-dessinée sur un fait que je ne connaissais spas du tout : la première école réservée aux jeunes filles noires dans le Nord des Etats-Unis, raciste lui-aussi malgré la condition « libre » de ses habitants noirs. J’aime beaucoup le dessin et l’histoire est très intéressante. Les pages qui reviennent sur chacune des protagonistes à la fin sont très utiles pour aller plus loin. Une BD toute nouvelle, que je n’ai pas eu le temps de présenter aux élève savant le confinement.

Deux petites vidéos sur Stéphane Fert et le dessin de Blanc autour :

Les Potos d’abord, CORENBLIT Rachel

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Les Potos d’abord de Rachel Corenblit. Nathan, 2020. 8 €.

Sur le site de l’éditeur.

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Fonds du CDI.

« Lequel de nous deux a eu l’idée ? On se l’est demandé, après. Lequel de nous deux a proposé à l’autre en premier ce plan foireux qui n’était pas sensé en être un . Sur le papier, c’était même une idée brillante. Le genre de truc que tu imagines en te disant, on va être si bien là-bas, calés sur la plage, à regarder le soleil plonger dans la mer, à se boire des bières à la cool, les doigts de pieds en éventail, une brise légère frôlant nos cheveux, les yeux perdus sur l’horizon limpide. Parfaitement heureux. Seuls. Rien que nous deux. Et les coquillages. Entre potos. »

Nathan et son meilleur ami Ihmed partent en vacances sans leurs parents pour la première fois. Mais cette soudaine indépendance va mettre à mal leur amitié de toujours…

Je continue ma lecture de la nouvelle collection Court toujours de chez Nathan. J’ai un peu mieux aimé ce titre que le précédent mais rien de très surprenant non plus. On se laisse gentiment embarqué dans une histoire dont on sent très vite l’issue. Mais je pense qu’elle pourrait plaire à des adolescents peu lecteurs.

Rivage de la colère, LAURENT Caroline

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Rivage de la colère de Caroline Laurent. Editions Les Escales, 2020. 19,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Le compte Instagram de l’auteure.

Prêté par une amie.

Certains rendez-vous contiennent le combat d’une vie.
Septembre 2018. Pour Joséphin, l’heure de la justice a sonné. Dans ses yeux, le visage de sa mère…
Mars 1967. Marie-Pierre Ladouceur vit à Diego Garcia, aux Chagos, un archipel rattaché à l’île Maurice. Elle qui va pieds nus, sans brides ni chaussures pour l’entraver, fait la connaissance de Gabriel, un Mauricien venu seconder l’administrateur colonial. Un homme de la ville. Une élégance folle. Quelques mois plus tard, Maurice accède à l’indépendance après 158 ans de domination britannique. Peu à peu, le quotidien bascule et la nuit s’avance, jusqu’à ce jour où des soldats convoquent les Chagossiens sur la plage. Ils ont une heure pour quitter leur terre. Abandonner leurs bêtes, leurs maisons, leurs attaches. Et pour quelle raison ? Pour aller où ? Après le déchirement viendra la colère, et avec elle la révolte.

Lors de notre participation avec des élèves au Prix des lycéennes du magazine ELLE en 2017-2018, nous avions eu la chance de découvrir le premier roman de Caroline Laurent qui avait d’ailleurs obtenu le prix. Avec ce deuxième roman, directement l’Océan Indien et des îles méconnues : Les Chagos. Direction aussi un pan de l’histoire lui aussi méconnu : l’indépendance de l’île Maurice et l’abandon d’une partie de son territoire dans l’indifférence générale. J’aime toujours l’écriture, très vivante, très rythmée et le découpage de l’histoire en deux périodes alternées (Joséphine et Marie-Pierre) permet d’accrocher très vite. La situation décrite est absolument révoltante mais hélas pas unique ni dans le passé ni actuellement. Les personnages, les lieux… sont bien décrits, très visuels ce qui donne un roman très prenant. Un vrai coup de coeur.

En commande en version poche pour le CDI. J’espère que les élèves accrocheront autant que moi.

Article Wikipédia sur les Chagos.

 

Je n’ai pas trahi, COUDERC Frédéric

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Je n’ai pas trahi de Frédéric Couderc. PKJ, 2019. 17,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Acheté pour le CDI.

Luna, seize ans, vient d’emménager à Ajaccio où sa mère a décidé de refaire sa vie. Seule comme jamais, elle se plonge dans les études et décide de préparer le Concours national de la résistance. En remontant le fil de l’Histoire, elle découvre le sort méconnu des Juifs de Corse. Ce qui n’était pour elle qu’un devoir de classe lui permet, contre toute attente, de lever un lourd secret familial. Son destin de lycéenne d’aujourd’hui se mêle à celui de Salomon, jeune résistant d’hier, au gré d’une vendetta sans limites et sans âge.

Un roman sur un sujet plutôt méconnu, la Seconde Guerre Mondiale en Corse, entre résistance, déportation et collaboration et à-travers les regards croisés d’un jeune juif, Salomon, et deux jeunes d’aujourd’hui Luna et Mattéo. J’ai beaucoup aimé découvrir cette facette cachée de cette période de l’histoire ainsi que la façon dont les éléments se mettent en place même si l’un des rebondissements est rapidement prévisible. Le prétexte du Concours national de la résistance mis en avant dans le résumé est en vérité vraiment minime dans l’histoire qui finalement s’articule autour de l’histoire de Salomon. Une lecture agréable qui donne envie de se plonger un peu plus dans la question abordée, la Corse a-t-elle réellement été l’île des Justes ?

Noire. La vie méconnue de Claudette Colvin, PLATEAU Emilie

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Noire. La vie méconnue de Claudette Covin d’Emilie Plateau d’après Tania de Montaigne. Dargaud, 2019. 18 €.

Sur le site de l’éditeur.

Achetée pour le CDI.

Prenez une profonde inspiration, soufflez et suivez ma voix. Quittez le lieu qui est le vôtre, quittez le 21e siècle. Vous voici dans les années 1950 au sud des États-Unis, à Montgomery, en Alabama. Désormais, vous êtes Claudette Colvin, une jeune adolescente noire. Ici, noirs et blancs vivent dans la ségrégation. Ici, être noir c’est n’avoir aucun droit. Mais, le 2 mars 1955, Claudette Colvin, qui n’a que 15 ans, refuse de céder sa place à une passagère blanche dans le bus. 9 mois avant Rosa Parks, elle devient la première noire à plaider non coupable et à poursuivre la ville en justice.

Une bande-dessinée au dessin épuré qui revient, comme son titre l’indique, sur la vie méconnue d’une jeune fille de 15 ans : Claudette Colvin. A Montgomery, Alabama en 1955 la règle est la ségrégation raciale, notamment dans les bus. Et l’histoire a gardé le nom de Rosa Parks. Mais avant celle-ci d’autres personnes avaient dit non, refusé de céder leur place. Parmi elles, Claudette Colvin. Cette bande-dessinée est intéressante pour plusieurs raisons : elle sollicite l’imagination du lecteur pour qu’il se mette à la place de Claudette, elle raconte cette histoire oubliée et elle fait de la place aux personnages féminins de cette lutte. En effet les femmes ont souvent été à l’origine de luttes pour l’obtention des droits civiques car doublement victimes (femmes et noires) mais ont encore plus souvent été laissées de côté par les hommes à la tête des diverses associations, voir sciemment mises de côté par eux. J’ai trouvé intéressant de le souligner ainsi qu’expliquer la « disparition » progressive de Claudette dans la mémoire de cette lutte.

Bande-annonce de la bande-dessinée :

Claudette Colvin, une héroïne dans l’ombre de Rosa Parks – ARTE Radio Podcast :