Celle que je suis d’Anne Loyer. Slalom, 2019. 14,90 €.
Acheté pour le CDI.
En Inde, encore aujourd’hui, naître fille reste un handicap. A 16 ans, Anoki va en faire la douloureuse expérience. Jusque-là pourtant, rien dans sa vie à New Delhi, au sein d’une famille moderne et aimante, ne la préparait au destin qui l’attend. Depuis toute petite, ses parents lui ont appris, comme à ses deux grands frères et à sa petite soeur, l’importance des études. Mais lorsqu’elle pense pouvoir choisir son avenir, elle se heurte à l’hostilité des siens et au poids des traditions. Anoki, rebelle et amoureuse, va tout faire pour échapper au futur qu’on veut lui imposer.
Un roman certes, mais ô combien ancré dans le réel, comme le souligne l’employée d’une ONG en soulignant le cas « banal » d’Anoki qui elle pourtant ne s’était jamais envisagée comme en difficulté. On devine que sa famille sans être richissime, n’a pas de souci d’argent : les enfants font des études, l’un des frères étudie même à Paris et les filles font preuve d’une certaine liberté (on découvre un peu le New Delhi des jeunes). C’est ce qui rend la situation d’anori encore plus terrible à accepter, pour elle et pour le lecteur, de voir que même dans les plus hautes sphères la vision arriérée et traditionnelle de la place de la femme dans la société indienne (à la maison, femme et mère) est encore et toujours la norme. Le pays prend conscience petit à petit des problèmes et difficultés d’y naître fille mais le chemin parcourir semble encore long. Les personnages d’Anoki et sa soeur Lila sont des fortes personnalités, on se révolte avec elles. J’ai eu un peu plus de mal à croire en la crédibilité du frère qui fait ses études à l’étranger qui ouvre les yeux sur ce qu’il connaît peut-être un peu rapidement.Un roman prenant et qui donne envie d’en savoir plus sur le système indien.