Archives Mensuelles: décembre 2014

Mauvais plan, REINHARDT Dana

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Mauvais plan de Dana Reinhardt. Editions Thierry Magnier, 2009. 12 €.

Le site de l’auteure.

Acheté pour le CDI il y a quelques années, il s’agit d’une lecture très en retard.

2997504229_1_3_2tINjnhpDans une petite ville calme de la côté Est des Etats-Unis, Emma et Anna, inséparables depuis plusieurs années, se lient d’amitié avec Mariah l’année de leurs 15 ans. Cette dernière sort avec un garçon de terminale et bénéficie d’une « réputation » dans leur petit établissement privé. Quand elle invite ses amies à une soirée chez son copain, elles acceptent de mentir à leurs parents. La semaine suivante, elles recommencent, épatées par la facilité. C’est alors que tout dérape. Plutôt que d’avouer elles mettent en place une histoire dont les conséquences vont complètement les dépasser et bouleverser à jamais leurs vies.

Un récit initiatique qui interroge la frontière entre la vérité et le mensonge, mais aussi les liens familiaux, l’amitié et la fragilité des adolescents en pleine mutation qui font face à des envies et des désirs dont ils ne mesurent pas toujours les conséquences. Chaque chapitre est la voix de l’une des filles et les événements sont parfois abordés de plusieurs points de vue. J’ai trouvé leurs trois caractères très intéressants, pas caricaturaux car chacune évolue selon un schéma propre. L’avoir lu va m’aider à le « promouvoir » car le résumé ne laisse pas forcément présumer le contenu.

Là où naissent les nuages, HEURTIER Annelise

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Là où naissent les nuages d’Annelise Heurtier. Casterman, 2014. 12 €.

Sur le site de l’éditeur.

Le blog de l’auteure.

Acheté pour le CDI cette année suite au vote des élèves.

nuagesAmélia est une lycéenne parisienne que l’on peut qualifiée de privilégiée : fille unique de parents aisés (un père chirurgien issu d’une grande famille, une mère magistrate et très active dans les associations et le bénévolat), elle vit dans un belle appartement, fréquente une bonne école et voyage régulièrement. Cette vie « parfaite » gâche un profond mal-être : face à des parents très occupés et qu’elle idolâtre, Amélia mange pour se « remplir », pour « prendre de la place », bref pour affirmer sa présence. Alors lorsque sa mère reçoit un courrier de Mongolie, provenant d’une organisation humanitaire où elle a été bénévole 16 ans auparavant, son père voit là l’occasion de faire connaître à sa fille leur passé de baroudeurs. Amélia accepte bien à contrecœur et suite à des contretemps se retrouve à partir seule pour un mois.

Sur place, face à la beauté de la steppe mongole, elle découvre la vie quotidienne des enfants du bidonville d’Oulan-Bator entre faim, maladies et misère et va réussir à dépasser ses angoisses et à se surpasser pour aider les autres jusqu’à revenir transformée.

Un très beau roman sur l’aide humanitaire (sujet que je n’avais jamais lu en littérature ado il me semble) mais pas seulement. Le mal-être d’Amélia, le chemin initiatique qu’elle parcourt est lui aussi très fort, même s’il n’est pas comparable aux souffrances des enfants qu’elle côtoie lors de sa mission. Mais l’un ne peut aller sans l’autre comme elle le résume à la dernière page : « Peut-être est-ce pour cette raison que le hasard ou le destin m’a envoyée en Mongolie. Juste pour que j’apprenne à savoir qui je suis. Juste pour que j’apprenne à vivre avec moi ».

Et chose qui ne gâche rien, la couverture du roman est tout simplement magnifique : l’illustration mettant en parallèle Paris et la Mongolie avec des couleurs pastels en dégradé, le tout légèrement irisé. Et détail qui ne sert à rien mais me plaît toujours : les numéros de chapitres écrits dans un nuage… :-).

Le cœur n’est pas un genou que l’on peut plier, PANET Sabine / PENOT Pauline

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Le cœur n’est pas un genou que l’on peut plier de Sabine Panet et Pauline Penot. Editions Thierry Magnier, 2012. 9€.

Sur le site de l’éditeur.

Acheté au Salon du Livre 2014 pour moi ou éventuellement le lycée : décision à prendre après la lecture.

coeurErnestine et sa classe de 6ème monte Les Femmes savantes dans le cadre d’un concours et espère jouer la pièce dans un grand théâtre parisien et se voit déjà comme une future grande actrice. Sa sœur, Awa, prépare son bac de français et se voit déjà dans une grande école après son bac. Mais le jour où elle apprend qu’elle doit aller l’été suivant au Sénégal pour épouser son cousin suite à un arrangement conclu par son père avant sa naissance, elle ne sait pas comment se rebeller. Les femmes de la famille, menée par la tante Dado et l’énergique Ernestine vont s’unir pour convaincre le père de renoncer à ce projet.

Un roman court qui se lit d’une traite, plein d’humour (la joute de proverbes entre le père et la tante, les interrogations nombreuses d’Ernestine…) pour aborder le sujet grave des mariages forcés et la question de la place de la femme.

Je pense qu’il va rejoindre le fonds du CDI.

Je suis l’idole de mon père, CATHRINE Arnaud

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Je suis l’idole de mon père d’Arnaud Cathrine. Editions Thierry Magnier, 2014. 9,20 €.

Sur le site de l’éditeur.

idolePour le grand malheur de Doriand, son père est auteur de littérature jeunesse et puise la majorité de son inspiration dans la vie de son adolescent de fils. Alors quand arrivent les vacances d’été, Doriand ne se réjouit pas de passer un mois seul avec ce père envahissant à Deauville. Pourtant c’est aussi la ville où vivent ses grands-parents qu’ils ne connait pas…

Un roman assez court mais très sympa. Déjà un narrateur masculin ça change et l’histoire est originale. Je regrette juste une absence de développement vers la fin, autour de cette famille que Doriand apprend bien peu à connaître finalement.

Flocons d’amour, GREEN John / JOHNSON Maureen / MYRACLE Lauren

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Flocons d’amour de John Green, Maureen Johnson et Lauren Myracle. Hachette, 2014. 13,90 €.

Acheté pour le CDI au Salon du livre de Montreuil 2014.

Sur le site de l’éditeur.

flocons d'amour24 décembre, soir de Noël. Le train qui emmène Jubilé en Floride chez ses grands-parents (ses parents venant bêtement de se faire arrêter par la police…) est forcé par une tempête de neige de s’arrêter au milieu de nul part, à Gracetown. Les aventures vont se succéder pour Jubilé, Jeb et les autres, et les flèches de Cupidon pleuvoir sur la ville.

Il s’agit là de trois nouvelles écrites chacune par l’un des auteurs mais qui à la fin forment une unité. Cette organisation est celle des comédies romantiques avec pleins de personnages dont les liens apparaissent au fur et à mesure de l’histoire (notamment mon chouchou Love Actually :-)) et j’ai beaucoup aimé cet enchevêtrement. Les histoires sont sympathiques sans être trop mièvres et chacune conserve un style propre. Pour ne rien gâcher, la couverture est magnifique, irisée, tout à fait de saison.

Je ne pense pas qu’il aura besoin de beaucoup d’aide pour sortir, le nom de John Green (écrit en premier et en plus gros) fera presque tout le travail.

L’Exception, OLAFSDOTTIR Audur Ava

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L’Exception d’Auður Ava Ólafsdóttir. Editions Zulma, 2014. 20 €.

Sur le site de l’éditeur.

Un des 3 romans de la première sélection du Prix des lycéennes du magazine ELLE de cette année.

L-ExceptionReykjavík, le soir du réveillon du nouvel an, Floki annonce à sa femme María qu’il la quitte, pour un homme. Elle se retrouve seule avec leurs jeunes jumeaux, désemparée face à une nouvelle coup de poing et va chercher à remonter le fil de sa mémoire pour trouver des traces qui auraient pu servir de présages, d’avertisseurs. Le personnage de María, fort, est entouré d’une galerie de personnalités dont la plus intéressante est sa voisine, Perla. Cette  naine à la fois conseillère conjugale et nègre pour un auteur de romans policiers fait irruption sans qu’elle soit attendue ou sollicitée, semble avoir toujours les bons conseils à donner ou être toujours en train d’écrire justement sur ce qui préoccupe l’héroïne, comme si ce couple était sa muse. L’apparition du père biologique de María, apparition fugace, lui permet de s’éloigner de l’île et de faire le point sur sa vie.

Dernier roman de la première sélection que j’ai lu, il se déroule en Islande alors que j’en étais revenue depuis à peine un mois, coïncidence sympathique :-). Je n’ai pas lu Rosa Candida même si c’est une lecture prévue de longue date, donc je découvre l’auteur avec ce roman que j’ai bien aimé, comme les élèves du prix. Un petit reproche cependant : l’enchaînement assez irréel de certains événements, mais rien de préjudiciable pour apprécier la lecture.

Le Grand cahier, KRISTOF Agota

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Le Grand cahier d’Agota Kristof. Seuil, 1986.

Premier tome de la « trilogie des jumeaux ». Fonds du CDI.

grand-cahierPendant la guerre, dans un pays de l’Est, une femme fuit la ville avec ses jumeaux et les confie à sa mère à la campagne. Cette grand-mère qu’ils découvrent, surnommée La Sorcière, va les accueillir par les coups, la faim, les insultes… Ils décident de s’endurcir contre la faim, les coups, le froid, de continuer à s’instruire seuls et de tout consigner de leur vie dans un grand cahier. Au fur et à mesure qu’ils s’endurcissent, au contact de personnages plus ou moins recommandables (curé pédophile, soldat sado-masochiste…), leurs expériences les mènent vers de plus en plus de violence, de dureté.

J’avais entendu parler de ce roman lors de mes études (lecture de l’essai  d’Annie Rolland Qui a peur de la littérature ado ?), notamment par la polémique qu’il avait engendré au début des années 2000 lorsque des parents se sont plaint que le professeur de lettres de leurs enfants leur faisait lire un « livre pornographique », pourtant inscrit dans les listes de lecture.

Article de Libération 2 novembre 2000.

Ça faisait longtemps que je voulais le lire pour voir de quoi il était exactement question. Le roman est effectivement dur, violent et aborde des thèmes qui peuvent être choquant sans accompagnement et selon l’âge des enfants (pédophilie, zoophilie…). Mais il est aussi très différent de tout ce que j’ai pu lire, par sa construction (« nous » comme si les enfants ne faisaient qu’un, problème qu’abordent d’ailleurs leur père à leur entrée à l’école), chapitres très courts, succession d’événements rapides avec toujours la guerre en arrière-plan mais qui ne fait réellement irruption qu’à des moments bien précis. Au delà du côté romancé, on ne peut s’empêcher de penser que certains des événements racontés ont bien dû arriver à des enfants livrés à eux-mêmes pendant les guerres.

Les deux autres tomes de la trilogie sont aussi dans le fonds mais j’attends un peu d’être à jour dans mes lectures avant de les lire.

Des impatientes, PATTIEU Sylvain

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Des impatientes de Sylvain Pattieu. Editions du Rouergue, 2012. 19,50 €.

Acheté pour le CDI il y a 3 ou 4 ans.

cvt_Des-Impatientes_3709Alima et Bintou sont toutes les deux élèves dans un lycée de ZEP et vivent dans la banlieue voisine. Mais leur vie, leurs objectifs sont à l’opposé. Alors qu’Alima, élève modèle, vise Sciences Po et voit dans les études le moyen de sortir de cette vie, Bintou est en révolte contre les études, les profs et cumule les rapports et les exclusions en plus de la perte de sa sœur.

Le roman est composé de 2 parties et alterne les voix d’Alima, de Bintou, de leurs professeurs ou d’autres personnages. La première partie est centrée autour d’un « incident » qui a lieu au lycée dont la nature est révélée à la fin et qui donne suite à la seconde partie où Alima et Bintou se retrouvent à travailler dans le même grand magasin. La polyphonie de voix permet différents points de vue, sur « l’incident » notamment.

J’ai beaucoup aimé la première partie du roman, un peu moins la seconde. Il y a des passages très beaux sur le lycée, les inégalités qui peuvent y régner et la variété qu’on y trouve : variété d’élèves, de langues, de vies, d’ambitions, de cultures… J’ai eu parfois l’impression que ces passages pouvaient très bien s’appliquer à mon établissement. La seconde partie m’a moins plu car le contexte est très différent, et résulte d’un échec de l’administration scolaire face à « l’incident ». On sort du lycée pour voir les jeunes filles heurtées à la vie répétitive et mécanique des caissières d’un grand magasin, mais qui vont tout faire pour ne pas se laisser broyer par la machine, jusqu’à mener une grève.

Maintenant que je l’ai enfin lu, je vais mieux réussir à le vendre aux élèves, car pour le moment il n’est hélas jamais sorti :-(.

 

La Petite Mort, MOURIER Davy

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La Petite Mort tome 1 de Davy Mourier. Delcourt, 2013. 14,95 €.

Sur le site de l’éditeur.

Site et Facebook dédiés. Blog de l’auteur.

BD achetée au Salon du livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil de 2014.

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La Petite Mort est donc l’enfant de papa Mort et de maman Mort et elle doit apprendre à faucher pour prendre la succession de son père, alors qu’elle voudrait devenir fleuriste. Dur choix ! Dans ce premier tome on assiste à l’apprentissage de la Petite Mort entre fauchage de l’imagination et fauchage accompagné :-). 18

Je ne connaissais pas du tout et j’ai été attirée par la couverture.

Je l’ai lu avant de décider si je la gardais pour moi ou si je la mettais dans le fonds du lycée (qu’elle va effectivement aller rejoindre). J’ai beaucoup aimé le ton humoristique noir et j’espère que les élèves riront aussi. Je vais attendre de voir les retours éventuels avant d’envisager l’achat du deuxième tome.skelette-3

 

Flora, GODWIN Gail

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Flora de Gail Godwin. Editions Joëlle Losfeld, 2014. 22,50 €.

Sur le site de l’éditeur.

Le site de l’auteur.

Un des 3 romans de la première sélection du Prix des lycéennes du magazine ELLE de cette année.

9782072496325Eté 1944 aux Etats-Unis. Helen, 10 ans est gardée par sa cousine Flora de 12 ans son aînée pendant que son père travaille à un projet lié à la guerre. La fillette, orpheline de mère depuis l’âge de 3 ans, vient un peu plus tôt de perdre également sa grand-mère qui l’a élevée. Intelligente et pleine d’imagination, l’enfant semble bien plus âgée qu’elle ne l’est alors que la jeune Flora, peu sûre d’elle est très émotive. La relation entre les deux qui va se nouer cet été-là, entre critiques acerbes et moments de complicité, changera Helen.

Je ne connaissais pas cette auteure, apparemment peu traduite en France, ni même cette maison d’édition, avant de recevoir le roman pour les élèves. J’ai bien aimé le style d’écriture, fluide même quand il pourrait paraître indigeste. Les descriptions, de la maison principalement et l’atmosphère pesante font que l’on rentre dans l’histoire, comme si on était dans le même quasi huit-clos. On sent bien que quelque chose se trame, dénouement qui n’arrive vraiment que dans les cinq dernières pages. Le personnage de Flora est touchant alors que j’avais souvent envie de rabattre son caquet (voir de lui mettre des gifles) à Helen. Les retours des élèves sont pour le moment positifs, mais j’attends de lire leurs critiques pour en savoir plus.