Archives de Tag: maltraitance

Mauvaise herbe, SHINZÔ Keigo

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Mauvaise herbe de Keigo Shinzô. Le Lézard noir, 2018. 13 €. 4 tomes.

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Au cours d’une descente de police dans une maison close miteuse maquillée en salon de massage, le lieutenant Yamada rencontre Shiori, une lycéenne fugueuse qui lui rappelle sa propre fille aujourd’hui décédée. À peine raccompagnée chez elle par la police, Shiori disparaît de nouveau, fuyant les coups de sa mère abusive. Yamada part à sa recherche, mais la jeune fille désemparée trouve refuge chez un inconnu à la bienveillance plus qu’équivoque.

J’avais acheté et lu le premier tome en début d’année dans le cadre d’un projet autour du manga avec les élèves, la librairie et la médiathèque. C’est l’un des titres qui nous a, les élèves et moi, le plus accroché malgré le propos plutôt violent. J’ai donc acheté les autres tomes (avantage d’une série courte) et enfin pu le finir. L’histoire bénéficie d’une éclaircie plutôt positive au milieu mais l’ensemble reste plutôt sombre avec de très petites doses d’espoir et une fin ouverte .

Histoire de Khady Demba, NDIAYE Marie

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Histoire de Khady Demba – Trois femmes puissantes de Maris NDiaye. Belin / Gallimard, 2022. 5,30 €. Collection ClassicoLycée.

Sur le site de l’éditeur.

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Fonds du CDI.

Au Sénégal, Khady Demba se retrouve sans biens et sans enfant lorsque son époux meurt. Sa belle-famille l’expulse alors du foyer et la force à migrer vers l’Europe pour travailler et lui envoyer de l’argent. Pour Khady, héroïne à la dignité sans faille, commence une errance, au gré des rencontres, entre espoir et cruauté.

Je n’ai pas eu l’occasion de lire Trois femmes puissantes pour lequel Marie NDiaye a reçu le Goncourt donc j’ai saisi l’occasion d’en lire une partie en recevant ce spécimen scolaire pour le CDI. L’histoire est loin d’être joyeuse et fait énormément écho avec ce qu’on a pu entendre et voir comme histoires depuis quelques années avec le drame des migrants. J’ai beaucoup aimé le style et la façon de raconter l’histoire avec le point de vue de l’héroïne qui rappelle son nom et s’accroche à son humanité alors qu’elle est perdue et entraînée dans des événements qu’elle ne comprend ni ne gère.

Le Chemin à l’envers, MAZARD Claire

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Le Chemin à l’envers de Claire Mazard. Syros, 2021. 17,95 €.

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Acheté pour le CDI.

Anne s’est toujours sentie comme une étrangère dans sa propre famille. Il y avait à la maison des photos de ses frères et sœur bébés, mais d’elle, non. À l’âge adulte, elle découvre qu’une femme s’est occupée d’elle durant sa petite enfance, loin de ses parents. Une femme dont on lui a caché l’existence. Sans presque aucun indice, Anne se lance alors dans une enquête vitale. Pour retrouver sa trace, et pour comprendre.

J’avais adoré Je te plumerai la tête donc forcément j’ai acheté le nouveau roman de Claire Mazard à sa sortie mais je n’avais pas encore eu le temps de le lire. Je ne l’ai pas dévoré aussi rapidement que le précédent, mais en 3 jours seulement quand même. L’auteure part de son expérience personnelle et le roman est en grande partie autobiographique même si les noms sont changés, et de sa propre quête identitaire. J’ai bien aimé l’aspect enquête mais je me suis peut-être moins identifiée ou retrouvée dans les passages sur le ressenti ou les émotions, étant actuellement dans une phase personnelle compliquée.

Toffee et moi, CROSSAN Sarah

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Toffee et moi de Sarah Crossan. Rageot, 2020. 15,90 €.

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Acheté pour le CDI.

Allison s’est enfuie de chez elle. Elle n’a nulle part où aller. Un peu par hasard, elle trouve refuge chez Marla, une femme qui pense la reconnaître et qui pourtant l’appelle « Toffee ».  Allison cherche à oublier, Marla veut se souvenir. Alors, le temps de trouver un nouveau toit, de guérir de ses blessures, la jeune femme accepte d’être Toffee. Et en dépit du mensonge, une amitié tendre et fragile naît entre les deux femmes. Peu à peu, la chaleur d’un foyer, d’une famille choisie, renaît.

Depuis longtemps en attente dans ma pile à lire, le dernier Sarah Crossan (après les bouleversants Inséparables et Moon Brothers). J’aime décidément beaucoup les romans en vers, et là encore la traduction de Clémentine Beauvais joue beaucoup, ainsi que le sujet. Moins original que les précédents mais toujours aussi touchant entre problème social (ici la maltraitante et la démence sénile) et sentiments. Un format toujours rapide à lire, mais néanmoins riche et complet. Il m’en reste un dans la pile, pour très vite je pense.

Miettes (humour décalé), SERVANT Stéphane

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Miettes (humour décalé) de Stéphane Servant. Nathan, 2021. Collection Court toujours. 8 €.

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Acheté pour le CDI.

« Au milieu de la cour, dans les couloirs du lycée, à l’arrêt de bus, c’est à qui sera le plus viril. Moi évidemment, avec mes bras comme des bretzels et mes livres, je suis hors circuit. » C’est la fête de fin d’année au lycée. Sur scène, seul face aux élèves, professeurs et parents, un adolescent prend la parole, comme un numéro de stand up. Avec beaucoup d’humour et d’intelligence, il raconte en une heure son histoire, celle d’un garçon rejeté, moqué, harcelé et agressé…

Un ado gaulé comme une allumette, des bras comme des bretzels, prend la parole pour raconter son quotidien. Celui d’un garçon qui ne se sent pas vraiment à sa place avec les attendus virils de la société, mieux dans ses livres que sur un terrain de foot. Le tableau humoristique, grinçant, devient plus glaçant alors qu’on avance dans l’histoire et qu’un épisode en particulier se dessine. Un récit fort sur l’acceptation (de soi et des autres) et le harcèlement, par le regard d’un garçon.

Ma fureur, DOWNHAM Jenny

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Ma fureur de Jenny Downham. PKJ, 2020. 18,50 €.

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John a l’air parfait, Lexi, sa belle-fille, semble être une adolescente difficile. Mais les apparences sont parfois trompeuses… À la maison, Lexi vit un enfer. John, son beau-père, est un homme agressif qui ne tolère pas la moindre erreur. De son côté, la jeune fille s’énerve vite, elle a des accès de colère terribles. La fameuse « crise d’adolescence », sans doute… Mais Lexi en est persuadée : c’est John qui n’a pas un comportement normal. Il semble déterminé à l’isoler de tous ceux qu’elle aime, et compte bien épouser sa mère. Pourra-t-elle dévoiler à temps le vrai visage de John et empêcher ce mariage ?

Un roman prenant, malgré quelques longueurs, qui pousse à s’interroger sur les gestes ou paroles qui parfois semblent anodins mais dont l’accumulation devient de la maltraitance. J’ai aussi beaucoup aimé la vision des adultes sur les histoires d’amour naissantes des ados, entre ce qu’ils perçoivent, la réalité et ce qu’il peut y avoir derrière. Le fait que Lexi soit en pleine adolescence laisse planer le doute sur qui est le « monstre » mais jamais le personnage de John ne nous est décrit sous un jour sympathique. Par contre la fin m’a un peu déçue. J’aurais sûrement préféré quelque chose de plus net, de plus tranché.

L’Année de grâce, LIGGETT Kim

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L’Année de grâce de Kim Liggett. Casterman, 2020. 19,90 €.

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« Personne ne parle de l’année de grâce. C’est interdit. Nous aurions soi-disant le pouvoir d’attirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie. Notre peau dégagerait l’essence pure de la jeune fille, de la femme en devenir. C’est pourquoi nous sommes bannies l’année de nos seize ans : notre magie doit se dissiper dans la nature afin que nous puissions réintégrer la  communauté. Pourtant, je ne me sens pas magique. Ni puissante. »
Un an d’exil en forêt.
Un an d’épreuves.
On ne revient pas indemne de l’année de grâce.
Si on en revient.

Un roman que j’ai acheté, comme souvent, à cause de sa très belle couverture. Le résumé a fini de me charmer et je voulais le lire au plus vite. Aucun regret car je n’avais pas dévoré un livre aussi vite depuis longtemps, en 2 soirées, me forçant à éteindre pour ne pas y passer une nuit blanche. L’histoire est prenante, les personnages intéressants sans tomber dans la caricature des personnages de dystopie adolescents (même si je dois admettre que Tierney est particulièrement résistante). Dans le Comté de Garner County, dont on ignore la localisation ou l’époque, quand une fille atteint l’âge de 16 ans, les dirigeants, tous des hommes, décident que sa magie doit être purgée. Ils parlent de magie car elles deviennent des jeunes femmes, attirantes et nubiles, et comme souvent c’est plus simple de rejeter la faute sur des innocentes plutôt que de se remettre en question. Cette purge se tient sur toute une année, dans un camp rudimentaire, entouré de braconniers que les dirigeants du comté récompenseront pour chaque jeune fille tuée. La survie est alors le maître mot. J’ai beaucoup aimé le personnage de Tierney, son obstination et sa relation d’amitié avec Gertrude. Mais l’esprit de sororité qui a du mal à se mettre en place est intéressant aussi, tant elles sont habituées depuis leur plus tendre enfance à se comporter comme des ennemies les unes des autres. Un seul bémol, je trouve que parfois les mois défilent un peu rapidement, dans un « calme » assez relatif avec des ellipses un peu importantes. Mais une lecture dont j’ai hâte de faire la promo à la rentrée.

Le Bal des folles, MAS Victoria

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Le Bal des folles de Victoria Mas. Le livre de poche, 2019. 7,40 €.

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1885 : comme chaque année, à la Salpêtrière, se tient le très mondain « bal des folles ». Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Cette scène joyeuse cache une réalité sordide : ce bal « costumé et dansant » n’est rien d’autre qu’une des dernières expérimentations de Charcot, adepte de l’exposition des fous. Dans ce livre terrible et puissant, Victoria Mas choisit de suivre le destin de ces femmes victimes d’une société masculine qui leur interdit toute déviance et les emprisonne. Parmi elles, Geneviève, dévouée corps et âme au célèbre neurologue ; Louise, abusée par son oncle ; Thérèse, une prostituée au grand cœur qui a eu le tort de pousser son souteneur dans la Seine ; Eugénie enfin qui, parce qu’elle dialogue avec les morts, est envoyée par son propre père croupir entre les murs de ce qu’il faut bien appeler une prison.

Un court roman dont j’avais entendu parler à sa sortie puis lorsqu’il a obtenu le Prix Renaudot des lycéens en 2019. J’attendais sa parution en poche pour l’acheter pour le CDI et je profite des vacances pour le lire. L’histoire injuste de ces 3 femmes sert d’illustration à toutes celles qui ont subi le joug masculin et les débuts de la neurologie et de la psychiatrie, servant de cobayes à des expérimentations et des internements arbitraires, souvent dûs à une trop grande liberté d’actions et de pensées à une époque où une femme devait se taire et se conformer à ce que la société bien-pensante attendait d’elle. J’ai beaucoup aimé le roman, les personnages mais j’aurais voulu qu’il dure plus longtemps, développe peut-être encore plus cet environnement de la Salpêtrière dont je ne suis pas trop familière. Mais un plaisir à lire même si révoltant.

Le Monstre chez moi, GILES Amy

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Le Monstre chez moi d’Amy Giles. Nathan, 2020. 17,95 €.

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Lorsqu’un crash d’avion prend la vie de ses deux parents, les enquêteurs cherchent à savoir quel rôle a joué Hadley dans l’accident. Et pourquoi elle a tenté de se suicider quelques jours après le drame. Un thriller haletant sur une famille bien sous tous rapports et les secrets dissimulés dans l’intimité du foyer…

Un roman très prenant sur une histoire mystérieuse qui se déroule entre « avant » et « maintenant ». Les pièces du puzzle se mettent peu à peu en place, les personnages se dévoilent à nous et les secrets commencent à nous étouffer comme ils étouffent Hadley. Et jusqu’aux dernières pages j’attendais la résolution du mystère de cet accident. Un roman que je prendrais plaisir à conseiller dès la rentrée.

Victoire la Rouge, de PEYREBRUNE Georges

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Victoire la Rouge de Georges de Peyrebrune. Talents hauts, 2020. Collection Les Plumées. 7,90 €.

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Orpheline, surnommée « la Rouge » en raison de sa chevelure flamboyante, Victoire est successivement engagée par de riches paysans, une famille bourgeoise puis un homme solitaire. Ces changements de place sont rythmés par ses grossesses, conséquences de viols, ses maîtres refusant tous d’employer une fille-mère. C’est la crainte d’être encore renvoyée qui amène Victoire à étouffer son deuxième enfant, après avoir abandonné son premier-né à l’Assistance Publique. Dénoncée par des voisins, elle est incarcérée cinq ans pour infanticide. À sa sortie de prison, Victoire tente de faire oublier son passé.

Un autre roman de cette belle collection Les Plumées. Un roman plus dur que les précédents qui dresse le portrait d’une époque qui maltraitait énormément les femmes tout en les exploitant et les laissant sur le côté de la société dès que leur comportement sortait de la « norme », y compris quand la « faute » revenait à d’autres et notamment les hommes. J’ai beaucoup aimé l’écriture de Georges de Peyrebrune, que je ne connaissais pas avant comme les auteures précédentes de la collection.