Archives Mensuelles: août 2023

Bad girls, MATHIEU Jennifer

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Bad girls de Jennifer Mathieu. Milan, 2023. 15,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Acheté pour le CDI.

1964, Houston, Texas.

Evie et ses amies sont des « bad girls » et fières de l’être ! Trop bruyantes, trop maquillées… infréquentables ! Leurs ennemis ? Les filles et fils de la haute, qu’elles évitent à tout prix. Jusqu’au jour où Evie croise la route de Diane. Diane, qui est l’incarnation même de la jeune fille de bonne famille. Diane, qui tue un homme pour sauver Evie.

J’avais déjà lu Moxie, aussi dans le fonds du CDI de l’autrice, que j’avais bien aimé. J’ai acheté celui-ci par le résumé qui m’a semblé changer de l’ordinaire, déjà pour l’époque dans laquelle l’histoire se situe, que l’on ne connaît que par les films bien souvent ou pour des œuvres autour de la ségrégation. Ici il est vaguement question de celle-ci, en arrière-plan mais j’ai bien aimé que les inégalités abordées soient principalement celles entre riches et pauvres, et que la stigmatisation qui découle de celle-ci touche aussi bien les jeunes d’un côté que de l’autre. Le personnage de Diane est bien entendu très touchant (j’avais deviné son secret mais cela reste très émouvant) et j’ai bien aimé qu’Evie se cherche. Attirée par ces « bad girls » légèrement plus âgées qui l’ont prises sous leurs ailes mais en même temps prête à faire confiance à Diane avant même de tout savoir d’elle. On sent qu’au fond d’elle, elle n’a pas basculé complètement du « mauvais » côté, si on peut dire vu qu’ici le mauvais côté signifie surtout la liberté des filles. Je me doutais que la fin ne pourrait être complètement positive et joyeuse pour tout le monde, tout en me demandant comment ça allait se finir. Mais pas déçue même si un peu triste. Maintenant je dois chercher comment en faire la promo auprès des élèves.

L’esprit critique, BAUTHIAN Isabelle et GALLY

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L’esprit critique d’Isabelle Bauthian et Gally. Delcourt, 2021. 16,50 €.

Sur le site de l’éditeur.

Sur le site de la scénariste.

Le blog de la dessinatrice.

Fonds du CDI.

Quand Paul, qui n’est pas superstitieux pour un sou, rencontre la druide Masha, le courant ne passe pas. Il a beau lui expliquer l’importance de la logique, le débat vire à la mauvaise foi. Ce soir-là, Paul reçoit la visite de l’Esprit Critique, bien déterminée à lui faire comprendre en quoi consiste vraiment la pensée scientifique… Elle va bouleverser sa façon de penser… et peut-être la vôtre !

Une bande-dessinée très riche sur la question de l’esprit critique et de son développement dans un monde où les sources d’informations sont légions, les opinions nombreuses et mises au même niveau que les faits et les recherches scientifiques et où tout le monde a un avis sur tout, sans être spécialiste. Les thèmes abordés sont nombreux et donc parfois on s’y perd un peu et je pense que ça mériterait une deuxième lecture pour tout bien comprendre. La définition (avec exemple) de chaque biais cognitifs est intéressante mais je ne suis pas sûre de me rappeler de tout. Mais c’est un bon début pour se questionner sur sa façon d’aborder les informations disponibles, de faire le tri et d’interagir avec des personnes pensant différemment.

Cœurs et âmes, HOOVER Colleen

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Cœurs et âmes de Colleen Hoover. Hugo publishing, 2022. 7,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Acheté pour le CDI.

Beyah a grandi dans la pauvreté, auprès d’une mère droguée qui l’a négligée durant toute son enfance. À dix-neuf ans, elle est enfin prête à voler de ses propres ailes. Seule, avec détermination, elle a su trouver une issue et s’apprête à entrer à l’université avec une bourse obtenue grâce à ses talents de sportive. Alors qu’elle est à deux mois de ce grand départ, la mort brutale de sa mère la plonge dans une situation très compliquée. Sans logement, elle n’a qu’un seul recours : chercher refuge auprès de son père, qui ne s’est jamais occupé d’elle, mais a conservé un lien ténu avec elle. Beyah va débarquer dans sa maison sur une presqu’île touristique où elle va faire connaissance avec les membres de la famille qu’il a bâtie loin d’elle : sa demi-sœur et sa belle-mère. À sa grande surprise, elle est accueillie chaleureusement dans ce milieu si différent du sien. Elle va aussi rencontrer Samson, un garçon de son âge, qui vit dans la somptueuse maison voisine. Ils n’ont rien en commun, pourtant elle sent en lui une âme sœur. Au cœur de cet été, elle va se rapprocher de lui et apprendre à connaître ce mystérieux jeune homme.

Les élèves réclament de plus en plus de romance, voire de la dark romance. Comme il est hors de question pour moi d’acheter pour le CDI des histoires glauques / violentes sans intérêt comme celles dont la pub se fait beaucoup et à laquelle elles ont accès facilement (non vendue en rayon ado et donc non contrôlée), je voulais quand même leur proposer des titres qui circulent beaucoup, mais sans le côté dark et faisant la promotion d’histoire « d’amour » toxiques. Ce titre de Colleen Hoover semblait répondre à ces critères tout en proposant une histoire d’amour actuelle. En plus la couverture est très belle, ce qui ne gâche rien. Mais je n’avais pas eu le temps de le lire avant bien entendu donc il faisait absolument partie des priorités de lecture de l’été. Je ne regrette pas mon achat : rien de toxique ou malsain dans l’histoire, qui reste une bluette romantique entre deux grands ados que tout semble opposer au début. Les quelques scènes d’amour restent très soft et l’ai bien aimé l’évolution des personnages, même si l’on échappe pas à quelques clichés étasuniens. Le personnage de Samson répond à tous les critères du beau mec ténébreux et énigmatique mais j’ai bien aimé le tour que prend son histoire. Mention spéciale aussi à Sara, la demi-sœur qui aurait pu être agaçante car un peu cliché mais qui finalement est un pendant intéressant à Beyah.

Et ça m’a fait du bien de me plonger dans une lecture plus légère après les deux derniers romans.

Les Etincelles invisibles, McNICOLL Elle

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Les Etincelles invisibles d’Elle McNicoll. L’école des loisirs, 2021. 13,50 €.

Sur le site de l’éditeur.

Sur le site de l’autrice.

Fonds du CDI.

Addie est autiste. Lorsqu’elle apprend en cours d’histoire que sa petite ville de Jupiner a persécuté, torturé et exécuté au Moyen Âge des dizaines de sorcières, elle est bouleversée. Ces femmes accusées de sorcelleries n’étaient-elles pas autistes ou neuroatypiques comme elle ? Victime de brimades en classe, Addie se sent particulièrement concernée par leur sort. Elle décide de mener campagne pour que la ville de Jupiner rende hommage à ces sorcières injustement traitées.

Deuxième roman coup sur coup qui me touche et m’émeut particulièrement, mais sujet complètement différent. On sent très vite de l’autrice est concernée par l’autisme qui touche son personnage principal tellement les sentiments et les difficultés sont bien racontées. Même quand on est pas concerné soi-même, on sent que tout est juste. Et du coup j’ai éprouvé beaucoup d’empathie pour cette petite Addie souvent dépassée elle-même par l’empathie qu’elle ressent et ne sait pas toujours gérer, comme toutes ses autres émotions. le côté historique avec la chasse aux sorcières m’intéresse également d’où une lecture rapide et intéressée. J’ai aussi bien aimé la dynamique entre les trois soeurs et les liens entre elles, ainsi que l’amitié d’Addie et Audrey. Une lecture que je vais m’empresser de recommander.

Fraîche, BOUTROLLE Marguerite

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Fraîche de Marguerite Boutrolle. La Boîte à Bulles, 2022. 28 €.

Sur le site de l’éditeur.

Sur le site de l’autrice.

Acheté pour le CDI.

En 2011, Pia quitte l’école publique pour le privé et entre en terminale dans son nouveau lycée avec un objectif en tête : avoir un mec, des amis stylés, et des soirées dignes du film LOL. Pour elle, c’est ça, la vie normale d’une fille de son âge. En essayant à tout prix de se conformer aux idéaux d’un monde bourgeois et ultra normé, Pia ne sait plus situer son libre arbitre et ne voit pas qu’elle s’enfonce dans une histoire d’amour nuisible. Le pire, c’est qu’elle ne discerne pas les oppressions qui lui sont faites et a l’impression de tout choisir. De fait, les insécurités générées par le besoin de validation au lycée sont pesantes et, pour rentrer dans le moule, Pia est prête à tout.

Fraîche est une BD assez volumineuse (261 p.) mais qui se lit très rapidement car on se prend à l’histoire de Pia même en étant plus soi-même adolescente et aux prises avec les mêmes problèmes et injonctions. Le dessin en bichromie est assez agréable et l’histoire aborde différents aspects des tourments adolescents, notamment le premier amour et la pression à avoir des relations sexuelles, et les diverses injonctions associées à cet âge, notamment pour les jeunes filles (« soit cool, sexy et active sexuellement mais pas une Marie-couche-toi-là… »). Certains éléments auraient peut-être gagnés à être un peu plus développés (la première relation sexuelle) mais dans l’ensemble c’était une lecture intéressante avec des personnages plutôt bien esquissés, notamment Pia et sa mère.

Le cerf-volant, COLOMBANI Laetitia

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Le cerf-volant de Laetitia Colombani. Le livre de poche, 2022. 7,40 €.

Sur le site de l’éditeur.

La page Wikipédia de l’autrice.

Acheté pour le CDI.

Critiques des précédents romans de l’autrice : La Tresse et Les Victorieuses.

Brisée par un drame personnel, Léna abandonne la France et son poste d’enseignante pour partir en Inde, au bord du golfe du Bengale. Un matin, alors qu’elle nage dans l’océan, elle manque de se noyer. Une petite fille qui jouait au cerf-volant court chercher de l’aide. Comment la remercier ?… Âgée de dix ans, la petite travaille dans un restaurant et ne sait ni lire ni écrire. Entourée d’un groupe de filles du village et de leur cheffe, la tumultueuse Preeti, Léna se lance dans un incroyable projet : fonder une école pour tous les enfants du quartier qui en sont privés. Au cœur d’une Inde tourmentée commence une aventure où se mêlent l’espoir et les désillusions, la volonté face aux traditions, et le rêve de changer la vie par l’éducation.

Décidément Laetitia Colombani est douée pour raconter des destins de femmes. Ici, encore une expérience de résilience, dans l’Inde de nos jours mais loin des clichés bollywoodiens pour touristes. L’Inde décrite est pauvre, sale, dure pour les femmes, les filles et les castes inférieures. J’ai parfois été agacée par certaines répétitions dans le texte (le rappel assez incessant du drame arrivé début juillet… ok ça va on a compris (précision c’est la mention régulière du drame qui m’a agacé pas le drame en lui-même)) mais sinon l’histoire de Lalita et ses camarades m’a tiré les larmes à plusieurs reprises et ça faisait longtemps que je n’avais pas pleuré pendant une lecture. Paradoxalement, ça fait du bien. J’ai particulièrement aimé le personnage de Preeti, même si elle n’échappe pas à certains clichés associés aux femmes fortes mais ça passe.

A mains nues, SLIMANI Liala, OUBRERIE Clément

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A mains nues de Leïla Slimani et Clément Oubrerie. Les arènes BD, 2021. 2 tomes.

Sur le site de l’éditeur.

Lea page Wikipédia de l’autrice.

La page Wikipédia et le site du dessinateur.

Acheté pour le CDI.

Brillante étudiante en médecine, Suzanne Noël va assister à la naissance de la chirurgie esthétique comme spécialité médicale et y apporter une contribution essentielle. Féministe, engagée dans le combat pour le droit de vote des femmes, elle n’a eu de cesse de lutter pour son indépendance et la reconnaissance de son travail de chirurgienne esthétique dans la France de la Belle Époque.

Je ne connaissais pas Suzanne Noël avant de tomber sur des critiques de cette BD biographique en deux volumes et de les acheter pour le CDI. On retrace toute sa vie, et quelle vie, ses combats pour la reconnaissance de la chirurgie esthétique et les révolutions qu’elle y a apportées, mais aussi son combat pour l’émancipation féminine à-travers les études, le droit de vote, le droit au travail… J’ai beaucoup aimé le personnage, même si certains de ses traits de caractère sont peu agréables. Le dessin est très beau même si parfois une simplification des tenues me perdaient dans les époques, ça n’est qu’un détail. Je connaissais peu de choses sur la chirurgie des gueules cassées. Même si ça n’est qu’une étape de son parcours de chirurgienne, j’aurais aimé que ça soit plus développé mais je comprends qu’il faille faire des choix pour adapter une vie aussi riche.