Archives Mensuelles: décembre 2023

Les amants sacrifiés, KAKIZAKI Masasumi

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Les Amants sacrifiés de Masasumi Kakizaki. Ki-oon, 2022-2023. 2 tomes.

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Dans les années 40, aux portes de la guerre, le Japon s’enfonce dans la dictature et ferme ses frontières. Dans ce contexte, l’entreprise de commerce international Fukuhara peine à maintenir son activité. Son président, le charismatique Yusaku, décide de chercher de nouveaux canaux d’approvisionnement en Mandchourie, province du nord de la Chine passée sous la coupe japonaise et présentée comme une terre d’abondance… Malgré l’inquiétude de sa femme, Satoko, il embarque dans un voyage de plusieurs mois avec son neveu Fumio. À leur retour, Satoko sent un changement… pire, l’odeur du secret. Fumio s’éloigne brusquement, et Yusaku annonce à son épouse qu’il compte arranger leur départ aux États-Unis, ennemi en puissance du Japon… Que leur est-il arrivé durant leur excursion en terrain conquis ?

Une courte série adaptée d’un film sortie en 2020. J’ai attendu d’avoir les deux tomes pour enchaîner et heureusement car le premier se termine sur un cliffhanger. Les dessins sont très beaux, très détaillés et parfois proches de la photo en noir et blanc pour les planches historiques qui retrace l’escalade vers la guerre. Les thèses abordés sont nombreux : la trahison, le couple, l’amour du pays ou de l’humanité, la loyauté, la folie… On sent venir certains rebondissements mais pas tous d’où un effet de surprise intact pour l’histoire dans son intégralité.

Celle qu’il attendait, BEAULIEU Baptiste

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Celle qu’il attendait de Baptiste Beaulieu. Le livre de poche, 2021. 7,90 €.

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Eugénie D. déborde d’imagination et de projets farfelus pour s’isoler d’un monde qui l’effraie. Elle sait les hommes prompts à arracher les ailes des femmes. Joséphin, chauffeur de taxi mutique, est né dans un pays en guerre. Il charrie sa maigreur et sa méfiance des hommes. Pour oublier sa mélancolie, il tourne la terre sous ses mains à l’infini. Leurs vies basculent quand ces deux empotés magnifiques se croisent sur un quai de gare. Une rencontre improbable, une histoire d’amour hors du temps.

Je continue dans ma lecture de l’oeuvre de Baptiste Beaulieu, avec toujours autant de plaisir (même si un peu moins emballée par le précédent lu). Très vite on se retrouve ici, certes dans une histoire d’amour (c’est dans le résumé), mais aussi dans un conte mélancolique et fantaisiste. J’ai par moment eu l’impression de retrouver des bribes de l’univers poétique et singulier de Mathias Malzieu. Les deux personnages sont des écorchés, des abimés, avec tous les deux un passé lourd que l’on va découvrir peu à peu. Et ils vont s’apprivoiser, chacun aidant l’autre à surmonter ses fêlures. Jusqu’à l’événement… A partir du moment où il est mentionné, la tension monte chez le lecteur et le soulagement n’est que de courte durée. Le tout compose une fable sur le temps, l’amour et l’acceptation de soi, tout en douceur. La lecture dont j’avais besoin après la précédente, plutôt rude et pendant ces fêtes de Noël.

La vie selon Hope Nicely, DAY Caroline

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La vie selon Hope Nicely de Caroline Day. L’Archipel, 2022. 20 €.

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L’esprit de Hope Nicely est différent de la plupart des gens. Chez elle, les pensées ont du mal à rester en ligne droite. Les mots semblent s’échapper comme à travers un fi let de pêche. Mais Hope peut compter sur sa détermination et son entêtement pour s’adapter au monde. À vingt-cinq ans, persuadée que rédiger son autobiographie lui permettra de retrouver sa mère biologique, elle s’inscrit à un atelier d’écriture. Elle espère ainsi obtenir des réponses aux questions qui la tourmentent : pourquoi a-t-elle été abandonnée ? Sa mère était-elle consciente que boire de l’alcool pendant la grossesse pouvait avoir des conséquences irréversibles ? Ce cours d’écriture va transformer la vie de Hope en aventure, et elle découvrira que d’autres leçons l’attendent…

Encore une fois, voilà un roman acheté pour la couverture qui avait accroché mon oeil dans ma librairie habituelle. Le résumé avait ensuite eu l’air accrocheur. La lecture s’est cependant révélée plus ardue que prévue. En effet, la narratrice est Hope que l’on suit en permanence et dans son esprit, c’est un grand bazar, un « vide-grenier » comme elle le dit elle-même avec des allers-retours, des oublis, des flashbacks, des répétitions… L’histoire en elle-même est très intéressante mais il est compliqué de rentrer rapidement dans l’histoire car elle demande de la concentration pour suivre les idées et les propos de la narratrice. Mais le personnage d’Hope est attachant, ainsi que certains personnages secondaires comme Danny et Connor. Certaines situations sont assez prévisibles ou certains événements arrivent de façon improbable mais ça n’est pas le plus dérangeant. Et j’ai beaucoup aimé la conclusion, bien qu’un peu attendue. Mais il va rester compliqué à « vendre » car je n’ai pas à ma connaissance de lecteurs assez mordus pour ce genre de roman… A voir.

Aux vannes, citoyens ! VANHOENACKER Charline

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Aux vannes, citoyens ! Petit essai d’humour politique de Charline Vanhoenacker. Denoël, 2022. 16 €.

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Bibliothèque personnelle.

Une blague, ça ne s’explique pas. Mais l’humour, si. « Malgré la place qu’il occupe partout dans nos vies, dans la sphère privée ou dans les médias, l’humour politique est sousétudié scientifiquement et mal questionné journalistiquement. Il est pourtant l’un des miroirs les plus parlants de la société, et il se pratique dans toutes les situations, même les plus tragiques : en temps de guerre, après un attentat, voire au lendemain de la mort de Johnny. Le rire est comme le coquelicot : il pousse dans la boue et l’éclaire d’une petite touche de couleur vive. » L’humour politique est à la fois jugé suspect et paré de vertus : il inverse les hiérarchies, il témoigne de la bonne santé démocratique d’un pays, il est d’utilité publique en cas de crise (et garantit le retour de l’être aimé). Avec le ton et l’ironie mordante qu’on lui connaît, Charline Vanhoenacker analyse les mécaniques du rire, dévoile les secrets de fabrication de ses chroniques radio et explore les relations ambiguës qu’entretiennent les politiques avec l’humour et… les humoristes.

Grande auditrice de Charline (et de sa bande) depuis plusieurs années maintenant, je n’avais encore jamais pris le temps de me pencher dans ses ouvrages, lisant peu d’essais. J’ai beaucoup aimé le sujet de celui-ci et même si je n’avais pas toutes les références j’ai bien aimé les éclairages qu’elle apporte en s’appuyant sur des chercheurs (peu nombreux) dans le sujet de l’humour et du rire politique. J’ai forcément apprécié retrouver des morceaux de chroniques (rigolo d’entendre la voix de Charline dans ma tête en les lisant), et ça m’a donné envie d’en réécouter certaines dans la longueur.

La Dernière reine, ROCHETTE Jean-Marc

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La Dernière reine de Jean-Marc Rochette. Casterman, 2022. 30 €.

Sur le site de l’éditeur.

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Prêté par une collègue.

Gueule cassée de 14, Édouard Roux trouve refuge dans l’atelier de la sculptrice animalière Jeanne Sauvage. Elle lui redonne un visage et l’introduit dans le milieu des artistes de Montmartre. En échange, Édouard lui fait découvrir la majesté du plateau du Vercors et l’histoire du dernier ours qu’il a vu tué quand il était enfant. Au cœur du Cirque d’Archiane, il lui dévoile la Dernière Reine et incite Jeanne a créer le chef d’œuvre qui la fera reconnaître.

Une collègue m’a prêté cette BD depuis pas mal de temps mais elle ne m’attirait pas plus que ça. Je me suis forcée à la lire pour dégager de la place dans ma PAL. L’histoire est intéressante bien que tragique, en interrogeant la place de l’homme et de l’animal sauvage dans la nature, le second étant là en premier mais disparaissant devant l’appétit sans fin du premier. Il y a aussi un volet historique avec la Première Guerre Mondiale et le travail de Jeanne pour restaurer les visages des Gueules cassées. J’ai été moins convaincue par le dessin, très différent de ce que j’aime normalement, même si les couleurs et les paysages sont très beaux. Une lecture au final sympathique mais pas inoubliable pour moi.

This is not a love letter, FILIPPINI Anouk

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This is not a love letter. Les 10 règles du sexe et du surf d’Anouk Filippini. Auzou, 2023. 15,95 €.

Sur le site de l’éditeur.

Acheté pour le CDI

Salut ma Josée, Je sais que je t’ai déjà écrit aujourd’hui, mais il s’est passé un truc de dingue. Tu vas être fière de moi. Tu sais, le nouveau ? Le fils de la LQNPP (La locataire qui ne paie pas) ? Il veut prendre des cours de surf. Il s’est pointé à l’heure du déjeuner et j’ai pas pu dire non devant tout le monde, Gramboise et tout ça. Du coup, quand il est revenu à la charge, j’ai dit OK mais c’est 35 euros. Il s’appelle Iñigo. Par contre, me demande pas s’il est mignon, je n’ai pas d’avis sur la question. De toutes les façons, les mecs, pour moi, c’est mort. Tu le sais. Ce matin, je suis allée surfer. Entre loups et chiens. C’était bien. Je n’ai croisé personne. C’était le but, d’ailleurs. Les autres, je les évite, depuis l’année dernière. Et toi, ça va ? Tu me manques. Sans toi, je ne sais pas quoi faire. Ta Loue. PS : Iñigo m’a aussi demandé de lui donner des conseils sur le sexe. Oui, je sais… N’importe quoi. PPS : Le pire, c’est que je commence à y réfléchir…

Un roman que j’avais beaucoup vu passer sur Internet et que j’ai mis dans ma dernière grosse commande dans le but de toujours coller au plus près des « modes ». Et je suis aussi à la recherche de romans qui parlent de sexualité de façon positive et diversifiée (en parallèle de la collection L’Ardeur) pour mettre dans les mains des élèves plutôt que Captive et autre dark romance pas forcément adaptée à leur âge. J’ai beaucoup aimé la lecture, les personnages ne sont pas caricaturaux et plutôt nuancés (du moins pour les personnages principaux). Même en y connaissant rien au surf, on peut apprécier les comparaisons et les moments de glisse qui permettent à Loue de sortir la tête de l’eau, au propre comme au figuré. Les flashbacks, assez nombreux et sur deux moments différents, sont parfois un peu courts pour avoir un tableau complet de la situation, car on soupçonne rapidement qu’il y a un souci avec Josée. J’ai hâte d’en faire la promo auprès des élèves, en espérant qu’il trouve son public.

Emmurées, BELL Alex

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Emmurées d’Alex Bell. Editions Milan, 2018. 15,90 €.

L’histoire des Frozen Charlotte

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Je passe mes vacances dans un lieu de rêve : un vieux manoir écossais. Un vieux manoir qui était auparavant une école pour filles où ont eu lieu de tragiques « accidents ». Mes cousins sont charmants : Cameron est taciturne, Piper est un peu trop parfaite, Lilia a une étrange phobie des os, même des siens. Et puis il y a Rebecca. Rebecca dont la chambre est remplie de vieilles poupées. Rebecca qui est morte. Rebecca qui est de retour par ma faute. Venez jouer à la poupée… au péril de votre vie.

J’avais acheté ce roman pour répondre à une demande d’élèves pour des titres « qui font peur » mais ce n’est pas forcément ce que personnellement j’aime lire donc il attendait depuis un moment dans ma PAL, me faisant malgré tout envie. Une histoire de fantômes et de meurtres avec une pincée de fantastique, plutôt bien menée dans les rebondissements. On se doute assez rapidement que le surnaturel ne va pas tout expliquer, et de toute façon c’est toujours plus flippant quand c’est ancré dans le réel mais ça ne m’a pas empêché de me prendre au jeu (et d’éviter de le lire le soir). Après être allée lire des choses sur les vraies poupées Frozen Charlotte, je trouve ça très glauque d’offrir des figurines représentant une jeune fille morte comme jeu aux enfants.