Archives Mensuelles: décembre 2021

Toffee et moi, CROSSAN Sarah

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Toffee et moi de Sarah Crossan. Rageot, 2020. 15,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Page Wikipédia de l’auteure.

Acheté pour le CDI.

Allison s’est enfuie de chez elle. Elle n’a nulle part où aller. Un peu par hasard, elle trouve refuge chez Marla, une femme qui pense la reconnaître et qui pourtant l’appelle « Toffee ».  Allison cherche à oublier, Marla veut se souvenir. Alors, le temps de trouver un nouveau toit, de guérir de ses blessures, la jeune femme accepte d’être Toffee. Et en dépit du mensonge, une amitié tendre et fragile naît entre les deux femmes. Peu à peu, la chaleur d’un foyer, d’une famille choisie, renaît.

Depuis longtemps en attente dans ma pile à lire, le dernier Sarah Crossan (après les bouleversants Inséparables et Moon Brothers). J’aime décidément beaucoup les romans en vers, et là encore la traduction de Clémentine Beauvais joue beaucoup, ainsi que le sujet. Moins original que les précédents mais toujours aussi touchant entre problème social (ici la maltraitante et la démence sénile) et sentiments. Un format toujours rapide à lire, mais néanmoins riche et complet. Il m’en reste un dans la pile, pour très vite je pense.

Americanah, ADICHIE Chimamanda Ngozi

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Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie. Gallimard, 2014. 9,20 €.

Sur le site de l’éditeur.

Page Wikipédia et site de l’auteure.

Fonds du CDI.

Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique, qui compte bien la rejoindre. Mais comment rester soi lorsqu’on change de pays, et lorsque la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés ?

Voilà une lecture qui a été très compliquée… J’ai acheté le roman pour le CDI il y a quelques temps après en avoir lu beaucoup de bien. Il n’a jamais été emprunté et est dans ma pile à lire depuis longtemps pour trouver comment en faire la promo auprès des élèves. Et je l’ai enfin commencé mi-octobre pendant les dernières vacances… pour le finir tout juste après 9 semaines de lecture. J’ai eu beaucoup de mal à entrer dedans, ne m’attachant pas vraiment aux personnages et n’ayant pas vraiment d’intérêt dans leurs histoires. Peut-être un trop grand décalage avec l’héroïne dont les préoccupations, bien que très justes et pertinentes, ne sont pas les miennes. La difficulté ne vient pas de la trame, même si la construction peut être dérangeante, mais vraiment de l’identification. Rien ne m’a transporté et rien ne m’accrochait vraiment pour me forcer à continuer la lecture. Du coup ça va être compliqué pour moi d’en faire la promo… Déçue de ne pas avoir été emportée après en avoir lu beaucoup de bien.

Miettes (humour décalé), SERVANT Stéphane

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Miettes (humour décalé) de Stéphane Servant. Nathan, 2021. Collection Court toujours. 8 €.

Sur le site de l’éditeur.

La page Wikipédia et le site de l’auteur.

Acheté pour le CDI.

« Au milieu de la cour, dans les couloirs du lycée, à l’arrêt de bus, c’est à qui sera le plus viril. Moi évidemment, avec mes bras comme des bretzels et mes livres, je suis hors circuit. » C’est la fête de fin d’année au lycée. Sur scène, seul face aux élèves, professeurs et parents, un adolescent prend la parole, comme un numéro de stand up. Avec beaucoup d’humour et d’intelligence, il raconte en une heure son histoire, celle d’un garçon rejeté, moqué, harcelé et agressé…

Un ado gaulé comme une allumette, des bras comme des bretzels, prend la parole pour raconter son quotidien. Celui d’un garçon qui ne se sent pas vraiment à sa place avec les attendus virils de la société, mieux dans ses livres que sur un terrain de foot. Le tableau humoristique, grinçant, devient plus glaçant alors qu’on avance dans l’histoire et qu’un épisode en particulier se dessine. Un récit fort sur l’acceptation (de soi et des autres) et le harcèlement, par le regard d’un garçon.

Tu reverras ton frère, VIDAL Séverine

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Tu reverras ton frère de Séverine Vidal. Nathan, 2021. Collection Court toujours. 8 €. 

Sur le site de l’éditeur.

La page Wikipédia de l’auteure.

Acheté pour le CDI.

Billie tremble comme une feuille. Ses paupières palpitent, dessus et dessous. C’est lui. Presque sûr. Lui sous ce bonnet de skateur vert, une tête de plus que tout le monde. Billie court dans la rue. Elle bouscule les passants, trébuche, ne s’arrête pas. Elle veut absolument rattraper ce garçon au bonnet vert. Il est devant elle. Mais il monte dans le tram, qui ferme ses portes et s’éloigne. Alors, au bord des larmes, elle appelle sa sœur. Quand Ava décroche, Billie prononce juste ces mots : « Je crois que j’ai retrouvé Jules ».

Un nouveau titre de la collection Court toujours que j’ai beaucoup aimé, d’une auteure que j’apprécie beaucoup de toute façon. On comprend vite que le jeune homme aperçu est le frère du titre, on met plus longtemps à comprendre les raisons de sa disparition : fugue, enlèvement… ? En peu de pages le récit d’une famille brisée et de liens filiaux plus forts que tout en alternant les chapitres se passant aujourd’hui et 10 ans auparavant. Mention spéciale : premier roman que je lis qui parle de la crise de la Covid-19 en mentionnant le port du masque dans les chapitres se déroulant au printemps 2021.

Beate et Serge Klarsfeld. Un combat contre l’oubli, BRESSON Pascal, DORANGE Sylvain

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Beate et Serge Klarsfeld. Un combat contre l’oubli de Pascal Bresson et Sylvain Orange. La Boîte à Bulles, 2020. 25 €.

Sur le site de l’éditeur.

Les pages Wikipédia de Pascal Bresson, Sylvain Dorange, Beate et Serge Klarsfeld.

Acheté pour le CDI.

« Si les Allemands nous arrêtent, moi, je survivrai parce que je suis fort mais pas vous ». Ces paroles, prononcées en 1943 par son père, assassiné à Auschwitz, Serge Klarsfeld ne les oubliera jamais. Après la guerre, il se marie à Beate, une jeune allemande installée à Paris. Ensemble, ils se font la promesse d’obtenir la mise à l’écart de la vie politique allemande de tous les anciens nazis, puis d’obtenir le jugement et la condamnation des principaux responsables nazis de la déportation, notamment ceux ayant sévi en France. Distribution de tracts, manifestations, tentatives d’enlèvements, la « méthode Klarsfeld » prouve leur obstination à débusquer les anciens criminels de guerre qui vivent paisiblement en toute impunité alors que, durant la guerre, ils occupaient des postes officiels, soit comme gradé nazi avec Lischka, Hagen, ou Barbie soit en tant que collaborateurs français comme Papon, Bousquet ou Touvier…

Une BD issue de la toute dernière commande de l’année et un vraie coup de coeur. Je connaissais les Klarsfeld seulement de nom mais je n’avais jamais eu l’occasion de me plonger plus dans leur histoire et cette bande-dessinée permet cela très bien. Les planches de flash-back sont dans des couleurs passées ou en noir et blanc pour qu’on s’y retrouve dans la chronologie et on s’attache autant à la vie de famille du couple qu’à ses combats, les deux étant complètement liés. Je trouve cette quête de justice et de vérité poignante et on espère, on est déçu avec eux au fur et à mesure de leurs enquêtes. J’espère qu’elle trouvera un écho chez les élèves leur permettant de comprendre les suites de la Seconde Guerre Mondiale, souvent moins traitées en cours que les conséquences immédiates.

Silent boy, AYMON Gaël

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Silent boy de Gaël Aymon. Nathan, 2020. Collection Court toujours. 8 €.

Sur le site de l’éditeur.

Sur le site de l’auteur.

Fonds du CDI.

Anton est interne dans un lycée difficile. Sa seule bouffée d’oxygène: ses discussions sur un forum en ligne, caché derrière l’avatar de Silent boy. Car dans la vraie vie, Anton ne donne jamais son avis, ne prend jamais parti. Jusqu’à sa rencontre avec Nathan…

Dans la dernière commande de 2021 j’ai mis quelques uns des nouveaux titres de la collection Court toujours de Nathan et celui-ci qui faisait parti de la première fournée, après avoir été plutôt convaincue par mes premières lectures et les retours d’élèves. Certains ont d’ailleurs été empruntés dans le cadre d’un speedbooking par de petits lecteurs avec de bons retours et surtout la garantie d’une lecture complète. J’ai beaucoup aimé ce titre qui peut plaire par les sujets qu’il aborde : le harcèlement, la question de la virilité / masculinité, les relations filles-garçons et garçons-garçons… En peu de pages on saisit bien les interrogations d’Anton, les passages « forum » permettent de s’interroger tout en faisant avancer l’histoire et le personnage donc la construction est aussi intéressante. J’espère que les suivants vont autant me convaincre d’avoir acheté presque tout la collection.

Le Plongeon, VIDAL Séverine, PINEL Victor L.

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Le Plongeon de Séverine Vidal et Victor L. Pinel. Grand angle, 2021. 17,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Page Wikipédia et Instagram de Séverine Vidal.

Acheté pour le CDI.

En fermant une dernière fois les volets de sa maison, Yvonne, 80 ans, abandonne 60 ans de vie pour intégrer un EHPAD. Le changement est rude pour cette femme indépendante, d’autant qu’elle a encore toute sa tête. Elle a du mal à s’acclimater à cette nouvelle vie, qui la rapproche douloureusement de la mort. Prise dans le tourbillon inéluctable de la vie, l’octogénaire décide de s’offrir une dernière parenthèse enchantée.
Une bande-dessinée drôle et émouvante à la fois. Les thèmes abordés et les questions soulevées sont universels. J’ai fait l’erreur de la lire dans un moment de tristesse avec un petit moral et elle m’a chamboulée. Mais malgré tout elle est pleine d’optimisme, Yvonne décidant de ne pas laisser la vieillesse, la maladie et la solitude gâcher ses dernières années. Et puis cette troupe de petits vieux a quelque chose d’extrêmement touchant qui donnerait envie de resserrer à nouveau ses grands-parents contre soi…

Des graines sous la neige, MICHON Roland, ROUXEL Laëtitia

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Des graines sous la neige de Roland Michon et Laëtita Rouxel. Locus Solus, 2017. 20 €.

Sur le site de l’éditeur.

Page Wikipédia de l’illustratrice.

Prêté par mon frère.

Nathalie LEMEL (Brest, 1826 – Ivry/Seine, 1921) est une militante et féministe ayant participé, sur les barricades, à la Commune de Paris de 1871. Elle fut une extraordinaire témoin de son temps. Elle le doit à son compagnonnage avec l’un des leaders de la Commune, Eugène Varlin, à ses talents d’organisatrice en compagnie d’Elisabeth Dimitrieff, et à son amitié indéfectible avec Louise Michel. À travers le destin de cette femme qui meurt presque centenaire revit un siècle de luttes pour les grandes causes : chômage, caisse maladie, congés payés, égalité des sexes, travail des enfants… Elle participe au premier restaurant coopératif durant le siège de Paris en 1870, co-fonde l’un des premiers mouvements féministes, milite pour défendre les plus pauvres au mépris du danger et de la répression. Nathalie Lemel et ses semblables semaient avec courage des graines sous la neige, appelées à germer bien des décennies plus tard…

Je voulais lire cette BD après avoir rencontré Laëtitia Rouxel avec des élèves autour de sa bande-dessinée L’Homme semence et par hasard je l’ai découvert dans la bibliothèque de mon BDphile de frère. Je ne connaissais pas Nathalie Lemel et j’avais une connaissance parcellaire de La Commune (restes des études) donc l’histoire en elle-même était déjà plutôt une bonne découverte, très riche. J’ai bien aimé retrouvé le dessin que j’avais déjà apprécié dans l’autre BD. Même si j’ai beaucoup aimé, ça n’est pas une BD que j’envisagerais d’acheter pour le CDI, mes élèves n’étant pas friands de ce type de lecture.

Danxomè, FASTIER Yann

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Danxomè de Yann Fastier. Talents hauts, 2020. 16 €.

Sur le site de l’éditeur.

La page Wikipédia de l’auteur.

Sélection pour le prix De Livre en livre 2021-22.

1892. Afrique, campagne du Dahomey.
Enrôlé malgré lui dans une guerre coloniale où il n’a que faire, Alex redoute autant son père, bien décidé à « faire de lui un homme », que les implacables « Amazones » du roi Béhanzin, ces guerrières dont la férocité n’a d’égal que le courage. C’est pourtant la rencontre de l’une d’elles qui changera son destin et lui permettra enfin d’affronter ses peurs, tandis que résonne le terrible cri de guerre des agoojie.

Un roman fort et sans concession sur les guerres coloniales et notamment la Seconde Guerre du Dahomey qui verra la fin du roi de l’actuel Bénin et le début de la gouvernance française. Il s’agit là d’un épisode qui m’était totalement inconnu, dont j’ai vaguement entendu parler lorsqu’il y a 1 mois la France a rendu au Bénin 26 trésors pillés au moment de la mise à sac d’Abomey. J’ai beaucoup aimé la double narration qui apporte beaucoup d’informations, on sent que l’auteur a fait énormément de recherches sur le sujet. Les sentiments et la critique envers la colonisation sont bien rendus, notamment à-travers le personnage d’Alexandre qui n’a absolument pas choisir d’être là et pour lequel on se prend rapidement d’affection.

Pour en savoir plus sur le royaume du Dahomey.

Victor Hugo, aux frontières de l’exil. GIL, PATURAUD

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Victor Hugo, aux frontières de l’exil de Gil et Paturaud. Editions Daniel Maghen, 2013. 19,50 €.

Sur le site de l’éditeur.

La page Wikipédia de l’illustrateur.

Emprunté à la Bibliothèque de la Cité de la BD d’Angoulême.

Septembre 1853. Victor Hugo est en exil sur l’île de Jersey. Passionné de spiritisme, le poète assiste régulièrement à des séances de tables tournantes jusqu’au jour où le fantôme de sa fille, Léopoldine, morte tragiquement noyée lui apparaît. Dès lors, le poète est hanté par des visions nocturnes lui intimant de faire la lumière sur le drame. Accident ou meurtre Victor Hugo sort de son exil et se lance dans une enquête qui le mènera jusque dans les mystères du ventre de Paris. Là, au péril de sa vie, il découvrira un univers peuplé d’âmes sombres, qui lui inspireront la formidable épopée humaine des Misérables et quelques-uns de ses combats politiques.

Une très belle bande-dessinée sur un épisode de la vie de Victor Hugo que je ne connaissais qu’à-travers ses poèmes (son exil, la mort de sa fille). Les auteurs utilisent le mystère autour de la noyade de Léopoldine comme prétexte à une enquête qui nous amène à croiser des personnes qui ont pu inspirer les différents personnages des Misérables. J’ai beaucoup aimé le dessin.