Archives de Tag: xénophobie

Le Journal de ma disparition, GREBE Camilla

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Le Journal de ma disparition de Camilla Grebe. Le livre de poche, 2018. 8,40 €.

Sur le site de l’éditeur.

Page Wikipédia de l’auteure.

Fonds du CDI.

Il y a huit ans, Malin, alors adolescente, a découvert une fillette enterrée dans la forêt de Ormberg, une ville suédoise isolée. On n’a jamais pu identifier la petite victime. Devenue une jeune flic ambitieuse, Malin est affectée auprès de Hanne, la célèbre profileuse, et de l’inspecteur Peter Lindgren qui reprennent l’affaire. Mais Peter disparaît du jour au lendemain, et Hanne est retrouvée blessée et hagarde dans la forêt. L’unique témoin est un adolescent qui erre dans les bois. Sans le dire à personne, celui-ci récupère le journal que Hanne a laissé tomber et se met à le lire, fasciné… Désormais seule dans son enquête, Malin est appelée sur les lieux du tout premier crime : une nouvelle victime a été découverte. Et si tous ces faits étaient tragiquement liés ?

Un polar dépaysant, des personnages ambigus, des suspects multiples et une ambiance xénophobe et renfermée sur soi pesante. L’alternance des chapitres entre Hanne et Jack est parfois un peu pesante car parfois on aimerait sauter au prochain chapitre pour suivre l’avancement de l’une ou l’autre enquête. Les meurtres en eux-mêmes (ou les mobiles et le dénouement) ne sont pas forcément « originaux », mais l’ambiance générale est intéressante.

Orphelins 88, COHEN-SCALI Sarah

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Orphelins 88 de Sarah Cohen-Scali. Editions Robert Laffont, 2018. 15,95 €.

Sur le site de l’éditeur.

Page Wikipédia de l’auteure.

Fonds du CDI

Munich, juillet 1945. Un garçon erre parmi les décombres… Qui est-il ? Quel âge a-t-il ? D’où vient-il ? Il n’en sait rien. Il a oublié jusqu’à son nom. Les Alliés le baptisent « Josh » et l’envoient dans un orphelinat où Ida, directrice dévouée, et Wally, jeune soldat noir américain en butte au racisme de ses supérieurs, vont l’aider à lever le voile de son amnésie. Dans une Europe libérée mais toujours à feu et à sang, Josh et les nombreux autres orphelins de la guerre devront panser leurs blessures tout en empruntant le douloureux chemin des migrants. Si ces adolescents sont des survivants, ils sont avant tout vivants, animés d’un espoir farouche et d’une intense rage de vivre.

A sa sortie, j’avais lu Max de Sarah Cohen-Scali sur un pan de la Seconde Guerre Mondiale assez peu abordé : les Lebensborn destinés à « produire » des Aryens « purs ». Par sa narration, le roman était perturbant mais très intéressant. Ici, on renoue avec en quelque sorte la suite pour traiter d’un autre sujet peu habituel : l’après guerre et le sort des prisonniers libérés et principalement des enfants, qu’ils soient orphelins, rescapés des camps, enlevés… On suit donc Josh dans son enquête pour reconstruire sa mémoire, retrouver qui il a été mais aussi en construisant qui il sera. La question se pose en effet pour des milliers d’orphelins de guerre dans une Europe loin d’être apaisée alors que les pogroms se poursuivent en Pologne notamment et que les vainqueurs plongent dans une autre sorte de guerre. Le roman est souvent dur, dans les diverses descriptions des souffrances vécues par ses enfants, tirées de faits réels, et on a malgré tout du mal à imaginer ce que ça a pu être d’essayer de les faire renouer avec leur vie d’enfant, eux traumatisés à vie. Les retours que j’ai déjà eu d’élèves sont plutôt positifs.

Je n’ai pas trahi, COUDERC Frédéric

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Je n’ai pas trahi de Frédéric Couderc. PKJ, 2019. 17,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Acheté pour le CDI.

Luna, seize ans, vient d’emménager à Ajaccio où sa mère a décidé de refaire sa vie. Seule comme jamais, elle se plonge dans les études et décide de préparer le Concours national de la résistance. En remontant le fil de l’Histoire, elle découvre le sort méconnu des Juifs de Corse. Ce qui n’était pour elle qu’un devoir de classe lui permet, contre toute attente, de lever un lourd secret familial. Son destin de lycéenne d’aujourd’hui se mêle à celui de Salomon, jeune résistant d’hier, au gré d’une vendetta sans limites et sans âge.

Un roman sur un sujet plutôt méconnu, la Seconde Guerre Mondiale en Corse, entre résistance, déportation et collaboration et à-travers les regards croisés d’un jeune juif, Salomon, et deux jeunes d’aujourd’hui Luna et Mattéo. J’ai beaucoup aimé découvrir cette facette cachée de cette période de l’histoire ainsi que la façon dont les éléments se mettent en place même si l’un des rebondissements est rapidement prévisible. Le prétexte du Concours national de la résistance mis en avant dans le résumé est en vérité vraiment minime dans l’histoire qui finalement s’articule autour de l’histoire de Salomon. Une lecture agréable qui donne envie de se plonger un peu plus dans la question abordée, la Corse a-t-elle réellement été l’île des Justes ?

Simone Veil. L’aube à Birkenau, TEBOUL David

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Simone Veil. L’aube à Birkenau. Récit recueilli par David Teboul. Les Arènes, 2019. 20 €.

Sur le site de l’éditeur.

Prêté par une amie.

« La guerre avait fauché une génération. Nous étions effondrés. Mon oncle et ma tante avaient beau être médecins, ils ne possédaient plus rien. Leur clientèle avait disparu. Leur maison avait été pillée. Leurs économies avaient fondu. Le lendemain de mon arrivée à Paris, comme ils n’avaient ni argent ni vêtements à m’offrir, c’est une voisine qui m’a secourue avec une robe et des sous-vêtements. Il régnait dans la maison une atmosphère de désolation. Il n’y avait plus le moindre meuble. Les miroirs avaient été volés, à part ceux qui étaient scellés aux murs et que les pillards n’avaient pas pu emporter. Je faisais ma toilette matinale devant un miroir brisé par une balle. Mon image y apparaissait fissurée, fragmentée. J’y voyais un symbole. Nous n’avions rien à quoi nous raccrocher. Ma soeur Milou était gravement malade, mon oncle et ma tante avaient perdu le goût de vivre. Nous faisions semblant de vouloir continuer. » Simone Veil raconte son enfance, sa déportation, et l’impact de cette épreuve dans sa vie.

David Teboul regroupe ici près de 15 années de conversation avec Simone Veil, après que ses enregistrements aient notamment été utilisés lors de la cérémonie d’entrée au Panthéon de celle-ci le 1er juillet 2018. Le titre provient d’un enregistrement audio réalisé par David Teboul, notamment diffusé pendant la minute de silence de la cérémonie : L’aube à Birkenau.

Le livre regroupe des photos en plus du témoignage de Simone Veil sur son enfance, sa déportation, la difficulté du retour et sa vie d’après. L’auteur propose aussi la retranscription de plusieurs dialogues entre Simone et sa soeur Denise, Simone et Marceline Loridan-Ivens rencontrée à Auschwitz et enfin Simone et Paul Schaffer rencontré à Brobek. Dans la mesure où il s’agit d’un recueil de conversations, parfois les propos se répètent un peu ou l’ordre chronologique n’est pas complètement suivi mais ça donne un peu de vie à la parole rapportée, livrée de plus sans analyse comme on pourrait l’écouter. Je vais probablement l’acheter pour le CDI à la rentrée.

Maintenant je vais raconter, DIALLO Mamadou Aliou

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Maintenant je vais raconter de Mamadou Aliou Diallo et Nadia Goralski. Actes Sud  junior, 2019. 11,50 €.

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Acheté pour le CDI.

Mamadou a quitté la Guinée enfant avec sa mère pour rejoindre son père en Libye. Puis la guerre civile éclate et ses parents sont tués. Seul à quatorze ans, il va devoir survivre et prendre la route de l’Europe. Traversée dangereuse de la Méditerranée, passage des Alpes en clandestin, arrivée difficile en France : ce véridique récit d’un jeune migrant parmi d’autres fait entendre les voix de tous ses compagnons d’odyssée, qui se battent chaque jour pour trouver un avenir meilleur.

Un récit très touchant sur le parcours d’un jeune immigré. Mamadou raconte son voyage dans un premier temps depuis la Guinée jusqu’en Libye puis sa traversée de la Méditerranée, l’Italie et le chemin jusqu’en France après la mort de ses parents. Sans savoir ni lire ni écrire, sa seule volonté depuis toujours était d’aller à l’école. Il décide de raconter son parcours, avec l’aide de ses familles d’accueil, pour expliquer pourquoi à 16 ans on décide de partir comme ça, de risquer sa vie pour espérer trouver une vie meilleure. Les mots sont simples, ils n’omettent pas les violences, la douleur, la guerre mais jamais il ne s’apitoie sur son sort qui est celui de nombreux migrants. Mention spéciale pour sa simplicité quand il souligne les aberrations des services sociaux ou des institutions dans la prise en charge de son dossier.

Wake up America, LEWIS John, AYDIN Andrew, POWELL Nate

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Wake up America de John Lewis, Andrew Aydin et Nate Powell. Rue de Sèvres, 2014-2017. 3 tomes. 

Sur le site de l’éditeur.

Pages Wikipédia de John Lewis et de Nate Powell.

Emprunté à la Bibliothèque de la Cité de la BD d’Angoulême.

Récit de la longue marche des Noirs américains vers l’égalité des droits, notamment celui de voter, raconté à partir de la vie du député John Lewis, démocrate, icône américaine, seul membre encore vivant des Big Six, dont faisait partie Martin Luther King.

Je ne connaissais pas John Lewis et ignorais l’existence d’une telle multiplicité de mouvements ayant lutté pour les droits civiques, avec des méthodes différentes. Cette BD entièrement en noir et blanc au dessin particulièrement fin et détaillé raconte cette longue lutte de 1940 à 1965 sous la forme de longs flashbacks du narrateur, John Lewis, alors qu’il s’apprête à assister en 2009 à la prestation de serment de Barack Obama, premier président noir des USA. Par la multiplicité des personnages, des partis et des discours, on peut cependant être perdus parfois, d’où l’importance de peut-être aborder cette BD avec quelques bases en Histoire.

The hate U give, THOMAS Angie

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The hate U give d’Angie Thomas. Nathan, 2018. 17,95 €.

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Acheté pour le CDI cette année.

Starr a seize ans, elle est noire et vit dans un quartier difficile, rythmé par les guerres entre gangs, la drogue et les descentes de police. Tous les jours, elle rejoint son lycée blanc situé dans une banlieue chic ; tous les jours, elle fait le grand écart entre ses deux vies, ses deux mondes. Mais tout vole en éclats le soir où son ami d’enfance Khalil est tué. Sous ses yeux, de trois balles dans le dos. Par un policier trop nerveux. Starr est la seule témoin. Et tandis que son quartier s’embrase, tandis que la police cherche à enterrer l’affaire, tandis que les gangs font pression sur elle pour qu’elle se taise, Starr va apprendre à surmonter son deuil et sa colère et à redresser la tête.

Un roman puissant, « coup de poing » dans la lignée du mouvement #BlackLivesMatter qui dénonce les violences policières à l’encontre des Afro-Américains. Les personnages sont très intéressants, chacun avec leurs préoccupations, leurs qualités et leurs défauts, que ça soit Starr, ses parents, sa famille ou ses amis. Et presque tous évoluent au long du roman. Starr est un personnage attachant, déchiré entre sa vie dans le quartier et celle dans son lycée privé, mais qui va apprendre à concilier les deux pour être seulement la personne qu’elle est et veut être. Un très beau roman qui plaira sûrement aux élèves.

Le roman est déjà adapté en film. Sortie prévue fin janvier en France :

Les Filles de Salem, GILBERT Thomas

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Les Filles de Salem. Comment nous avons condamné nos enfants de Thomas Gilbert. Dargaud, 2018. 22 €.

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Biographie de l’auteur.

Acheté pour le CDI cette année.

En Nouvelle-Angleterre, au XVIIème siècle dans le petit village de Salem, sous la protection du rigoriste révérend Parris. Agée de 14 ans, la petite Abigail se voit offrir, par un garçon, un petit âne de bois sculpté. Voyant cela d’un très mauvais œil et sentant sa belle-fille devenir peu à peu une femme accomplie, sa belle-mère la somme de cesser tout contact avec les hommes et l’oblige à devoir s’effacer en public. Car être une femme déplaît fortement à Salem. Bien qu’elle obéisse à ces nouvelles règles du jeu, la petite Abigail adopte tout de même un comportement rebelle. Elle a pour amie les « rejetées » de Salem et s’accorde secrètement à retrouver un indien vivant non loin du village. Alors que la foi commence à ébranler le cœur des habitants de Salem, sur fond de sorcellerie et de possession démoniaque, le révérend du village fera tout son possible pour ne pas perdre son pouvoir et son titre de protecteur de la ville. Quand bien même cela coûte la vie de quelques femmes…

Une très belle bande-dessinée, avec un dessin précis et détaillé et une histoire prenante qui raconte l’histoire des sorcières de Salem du point de vue d’une jeune fille, future accusée de sorcellerie. La tension monte petit à petit, accentuée par le huis-clos dans lequel se déroule l’histoire. Obscurantisme, religion, croyances, superstitions… tout se mêle pour aboutir au grand final avec l’envie de se replonger dans des livres d’histoire.

La mille et deuxième nuit, GENEIX Carole

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La mille et deuxième nuit de Carole Geneix. Rivages, 2018. 19,50 €.

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Bibliothèque personnelle, offert pour mon anniversaire 2018.

Peu avant le voyage inaugural du Titanic, le couturier Paul Poiret donne une réception à la splendeur inégalée pour lancer sa ligne de parfums. Placée sous le signe de l’Orient, c’est « La Mille et Deuxième Nuit ». Parmi les invités, la fantasque comtesse russe Svetlana Slavskaïa, accompagnée de son secrétaire et confident Dimitri Ostrov, un jeune Juif qui a fui les Bolcheviks. La comtesse porte ses plus beaux atours, dont une extraordinaire rivière de diamants offerte par un admirateur. Mais au cours de la soirée, elle est retrouvée sans vie, probablement étranglée. Et le collier disparaît, presque sous les yeux de l’assistance…

Une amie m’a offert ce roman pour mon dernier anniversaire mais comme à mon habitude, j’ai fait traîner ma lecture, ayant déjà des piles de livres à lire. Après l’avoir prêté à une élève qui l’a beaucoup aimé, j’ai enfin pris le temps de le lire. J’aime beaucoup les romans historiques, un peu moins les policiers mais on trouve ici le juste milieu entre les deux. L’époque exubérante et décadente est bien rendue dans la fête grandiose donnée par Paul Poiret, mais aussi l’antisémitisme d’une certaine partie de la société. J’ai bien aimé avec un seul bémol sur la fin, qui est trop rapide je trouve, ainsi que l’épilogue un peu irréaliste.

Petit pays, FAYE Gaël

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Petit pays de Gaël Faye. Le livre de poche, 2017. 7,20 €.

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Acheté pour le CDI cette année.

En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel  voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…

Prix Goncourt des lycéens 2016, j’ai attendu qu’il sorte en poche pour l’acheter pour le CDI et donc le lire. C’est maintenant chose faite. Une lecture prenante, avec des passages durs et une tension qui s’installe peu à peu alors que les événements s’enchaînent pour aboutir aux massacres que l’on sait. Gaël Faye manie très bien la langue et certains passages sont de la poésie (Gaël Faye est aussi auteur-compositeur-interprète).