Archives Mensuelles: mars 2023

Les silences, BRUNONI Luca

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Les silences de Luca Brunoni. Editions Finitude, 2023. 19 €.

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Lecture dans le cadre de la pré-sélection pour le Prix Jean Monnet des Jeunes Européens 2023.

Se taire, ne jamais se mêler des affaires des autres, voilà la règle qui prime dans ce village au cœur des montagnes, et permet à chacun de cultiver consciencieusement son lot de rancœurs et de préjugés. Quand Emil a disparu, personne n’a rien dit, bien sûr, les langues sont restées liées. Et quand l’orpheline, la jeune Ida, a été placée chez les Hauser, on se doutait bien que la vie serait difficile pour elle. En butte à la haine de la fermière et aux regards libidineux de son mari, la jeune fille ne peut compter que sur son amitié clandestine avec Noah, un adolescent qui rêve ­d’ailleurs. Il réussit à la convaincre qu’elle aussi a droit à sa part de bonheur, mais il est trop tard. Ils ne parviendront, bien malgré eux, qu’à déclencher malheurs et drames, à faire remonter à la surface toute la boue de secrets et de non-dits du village.

Un roman qui se lit très rapidement, découpé en deux grandes parties : la ferme / le village. Dans la première on suit l’arrivée d’Ida, enfant placée, dans la ferme des Hauser. L’apprentissage de la vie quotidienne rude et son amitié avec Noah, seule lumière dans une vide difficile. Dans la seconde, on descend au village et on plonge dans les secrets que tous gardent plus ou moins bien enfouis et on remet tout le puzzle ébauché dans la première partie dans l’ordre pour que tout éclate enfin. La construction renforce ce côté thriller alors que rien ne laisse à première vue présager des secrets qui vont nous être révélés. Une belle découverte !

La dernière fois que nous avons été des enfants, BARTOLOMEI Fabio

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La dernière fois que nous avons été des enfants de Fabio Bartolomei. Editions Mercure de France, 2023. 21,80 €.

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Lecture dans le cadre de la pré-sélection pour le Prix Jean Monnet des Jeunes Européens 2023.

Octobre 1943. Les Allemands occupent Rome. Italo, Cosimo, Vanda et Riccardo ont dix ans. Le soir, ils bravent le couvre-feu pour aller jouer dans une grande cour d’immeuble. Mais un soir, Riccardo ne vient pas. Ni le lendemain, ni le surlendemain. Italo, Cosimo et Vanda se renseignent. Mais ils comprennent tout de travers. Riccardo a été mis dans un train par les Allemands, direction le nord, vers un camp. Pourquoi ? Pour les enfants, il y a erreur, il faut faire libérer Riccardo. C’est un devoir, une mission. Alors ils partent, à pied, en suivant les rails de chemin de fer en direction du nord, à la recherche d’un camp – de vacances ? d’entraînement ? qui ne doit pas être bien loin. Mais très vite, sans rien à manger et dans le froid de l’automne, qui augmente surtout la nuit, l’équipée risque de très mal tourner. Évidemment, des membres de leurs familles, affolés, se sont lancés à leur poursuite. Jusqu’où iront-ils ?

Ce roman historique parle de la rafle du ghetto de Rome le 16 octobre 1943 (tous ses habitants, dont plus de cinquante enfants, ont été envoyés dans les camps de la mort) mais d’un point de vue d’enfants qu’on a plus ou moins protégé des horreurs de la guerre. Pour eux la mission relève de l’aventure, pour nous on sait déjà ce qu’il en est du destin de Riccardo et on soupçonne que cette aventure ne peut que mal finir. Malgré tout la légèreté de l’enfance nous fait sourire, voir rire et on se laisse entraîner dans leur espoir. Un très beau roman.

Les corps solides, INCARDONA Joseph

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Les corps solides de Joseph Incardona. Editions Finitude, 2022. 22 €.

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Lecture dans le cadre de la pré-sélection pour le Prix Jean Monnet des Jeunes Européens 2023.

Anna vend des poulets rôtis sur les marchés pour assurer ­l’essentiel, pour que son fils Léo ne manque de rien. Ou de pas grand-chose. Anna aspire seulement à un peu de tranquillité dans leur mobile-home au bord de l’Atlantique, et Léo à surfer de belles vagues. À vivre libre, tout simplement. Mais quand elle perd son camion-rôtissoire dans un accident, le fragile équilibre est menacé, les dettes et les ennuis s’accumulent. Il faut trouver de l’argent. Il y aurait bien ce « Jeu » dont on parle partout, à la télé, à la radio, auquel Léo incite sa mère à s’inscrire. Gagner les 50 000 euros signifierait la fin de leurs soucis. Pourtant Anna refuse, elle n’est pas prête à vendre son âme dans ce jeu absurde dont la seule règle consiste à toucher une voiture et à ne plus la lâcher. Mais rattrapée par un monde régi par la cupidité et le voyeurisme médiatique, a-t-elle vraiment le choix ?

Un thème intéressant et un roman divisé clairement en 2 parties : avant / le jeu. J’étais peu enjouée au début et bizarrement je me suis prise au jeu (c’est le cas de le dire) et je l’ai fini d’une traite dans la nuit. Très surprise par la fin inattendue. Des personnages intéressants et non manichéens. Anna ne vit que pour son fils et se bat contre la précarité pour lui. Léo à son tour va tout faire pour aider sa mère. La relation mère-fils est très belle et sert de terrain à tout le reste. Le côté jeu télévisé est d’un cynisme fou mais permet d’ajouter du suspense à une histoire qui sinon serait bien plus basique.

Mes désirs futiles, ZANNONI Bernardo

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Mes désirs futiles de Bernardo Zannoni. Editions La Table Ronde, 2023. 22,50 €.

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Lecture dans le cadre de la pré-sélection pour le Prix Jean Monnet des Jeunes Européens 2023.

Archy naît dans une tanière au milieu de la forêt, au sein d’une portée de fouines. Son père a été tué par l’homme, et sa mère se démène pour nourrir ses petits au cœur de l’hiver. Très vite, Archy comprend qu’il doit lui aussi chasser s’il veut garder sa place dans la famille. Mais à peine s’est-il essayé à piller un nid qu’il se blesse. Son destin prend alors un sombre tour : devenu inutile à sa mère, il est vendu à un vieux renard cruel, Solomon le prêteur sur gages, qui en fait son esclave puis son apprenti avant de lui révéler son secret : il connaît l’existence de l’écriture, de Dieu et de la mort… Solomon lègue à Archy ce testament qui l’accompagnera toute sa vie dans son exploration de la forêt. Mais est-ce un trésor ou un fardeau que ce secret de l’homme ?

Une fable initiatique qui parle de fouines, de renards, de chiens et de religion. Il faut quelques pages pour comprendre que les personnages sont effectivement des animaux, mais des animaux doués de parole, de raison et même pour certains familiers avec la lecture et l’écriture. Malgré mon goût pour le fantastique j’ai eu du mal à accrocher et à entrer dans l’histoire, ne réussissant pas à m’attacher aux personnages plus que ça et surtout restant très hermétique à toute la recherche de Dieu et du paradis. Terminé laborieusement mais bien écrit.

L’archiviste, KOSZELYK Alexandra

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L’archiviste d’Alexandra Koszelyk. Editions Aux Forges de Vulcain, 2022. 18 €.

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Lecture dans le cadre de la pré-sélection pour le Prix Jean Monnet des Jeunes Européens 2023.

K est archiviste dans une ville détruite par la guerre, en Ukraine. Le jour, elle veille sur sa mère mourante. La nuit, elle veille sur des œuvres d’art. Lors de l’évacuation, elles ont été entassées dans la bibliothèque dont elle a la charge. Un soir, elle reçoit la visite d’un des envahisseurs, qui lui demande d’aider les vainqueurs à détruire ce qu’il reste de son pays : ses tableaux, ses poèmes et ses chansons. Il lui demande de falsifier les œuvres sur lesquelles elle doit veiller. En échange, sa famille aura la vie sauve. Commence alors un jeu de dupes entre le bourreau et sa victime, dont l’enjeu est l’espoir, espoir d’un peuple à survivre toujours, malgré la barbarie.

La découverte de la culture ukrainienne est intéressante mais avec énormément de références que personnellement je n’avais pas pour la plupart. A chaque nouvelle demande de nouvelle falsification, K plonge dans le passé à l’époque de l’oeuvre ou rencontre l’artiste concerné avant d’accomplir sa tache. Le procédé est toujours le même ce que j’ai finit par trouver lassant et sans surprise. La lecture était malgré tout plutôt simple mais je n’ai pas réellement réussi à entrer dedans. Peut-être aussi peut-on y voir un refus de ma part que cela deviennent une réalité alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine n’est pas terminée et que dans le roman il s’agit d’une zone occupée par les Russes.