Archives de Tag: famille

Nuit trouble, ROUMIGUIERE Cécile

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Nuit trouble de Cécile Roumiguière. Nathan, 2022. Collection Court toujours. 8 €.

Sur le site de l’éditeur.

Sur le site de l’autrice.

Fonds du CDI.

Alix se réveille enfermée dans un cagibi sur un voilier, en pleine mer, en pleine nuit, et elle n’a aucune idée de comment elle est arrivée là. Elle se rappelle d’être allée à une fête avec sa meilleure amie. Puis c’est le trou noir. Sa marraine la libère, mais la femme est confuse, agitée, incapable de gérer quoi que ce soit. Et le bateau dérive dans la nuit. Alix qui doute tant d’elle-même va devoir dépasser ses angoisses pour gérer la situation…

Cela fait longtemps que je n’avais pas lu un petit Court toujours et j’aime plutôt bien cette collection. Lire les titres me permet aussi de pouvoir les conseiller à mes petits lecteurs, notamment dans le cadre du speedbooking où ils sont obligés de choisir un roman. Malgré la couverture noire et l’ambiance thriller du début, on découvre vite qu’Ali n’a pas été enlevée mais qu’elle est tout de même dans une situation délicate, en pleine mer avec sa tante en pleine crise. Cette nuit va être l’occasion de faire un point sur sa vie, ses attentes et ce qu’elle veut, l’occasion de s’émanciper d’une mère aimante mais sur-protectrice, pour grandir. Un récit intéressant même si personnellement la navigation est un univers qui m’est totalement étranger donc le vocabulaire a pu me dérouter.

Le Grand voyage d’Alice, TALMASSE Gaspard

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Le Grand voyage d’Alice de Gaspard Talmasse. La Boîte à Bulles, 2021. 23 €.

Sur le site de l’éditeur.

La gare Wikipédia de l’auteur.

Emprunté à la Bibliothèque de la Cité de la BD d’Angoulême.

Gitarama, 1994, dans la province du Sud au Rwanda. Alice, 5 ans, vit une enfance paisible auprès de ses parents et ses petites soeurs. Sa vie va basculer lorsque le génocide des Tutsis éclate et qu’elle se retrouve ensuite contrainte de quitter son village avec les siens. Avec sa famille de Hutus, il lui faudra fuir devant l’avancée des troupes du FPR sur les routes brûlantes de la République démocratique du Congo – le Zaïre, à l’époque. C’est dans ce climat qu’elle grandira, au milieu de camps de réfugiés, retrouvant parfois une vie presque normale avant de nouvelles attaques, une nouvelle fuite et la mort qui rôde, toujours…  
Si au début de son exil, la jeune enfant part avec toute sa famille, c’est accompagnée de sa seule soeur Adeline qu’elle terminera son périple, à l’ouest du Zaïre, ignorant si ses parents sont encore en vie. Elle finira par se retrouver isolée et par être rapatriée au Rwanda en novembre 1997…

Le dessinateur raconte ici l’histoire de sa femme. J’ai beaucoup aimé que le récit se fasse à hauteur d’enfant, qu’il manque des informations, que le temps s’écoule sans repères. Que certains éléments horribles ne soient pas montrés n’empêchent pas les émotions. Je n’étais pas familière des « contre-massacres » qui ont suivis celui le génocide des Tutsis au Rwanda et qui a également contraint à l’exil des Hutus dont la famille d’Alice qui n’a rien à voir avec les génocidaires mais doit fuir devant l’avancée du FPR. Heureusement des cartes indiquent le chemin parcouru au début de chaque partie pour aider à se représenter les distances quand, comme moi, on ne maîtrise pas complètement la géographie de la région. Le dessin est très beau, tout en délicatesse, ce qui souligne encore plus l’horreur des événements. La postface avec le témoignage complémentaire de la mère d’Alice apporte un éclairage supplémentaire bienvenu.

Rocky, dernier rivage, GUNZIG Thomas

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Rocky, dernier rivage de Thomas Gunzig. Au Diable Vauvert, 2023. 20 €.

Sur le site de l’éditeur.

La page Wikipédia de l’auteur.

Lecture dans le cadre de la pré-sélection pour le Prix Jean Monnet des Jeunes Européens 2024.

Depuis 5 ans, un millionnaire, Fred, sa femme et leurs deux enfants vivent sur une île au milieu du Pacifique, dans une maison luxueuse et semble-t-il à l’abri  après l’effondrement de la société. Mais après un accro dans leur quotidien bien organisé, la famille s’est disloquée et chacun sombre à sa façon.

Je suis partagée après la lecture de ce roman, surtout parce que je dois le « juger » dans le cadre d’une sélection pour des ados… D’un côté, l’écriture est plaisante avec une alternance entre chaque personnages à chaque chapitre ce qui permet de varier les points de vue (et comme chaque membre de la famille vit à côté des autres, c’est nécessaire). Un léger suspense est mis en place car le couple de domestiques présents au départ sur l’île avec la famille, n’est plus là 5 ans après et donc la question se pose de leur disparition (sans de trop grosse surprise quand même, dommage). D’un autre les personnages sont détestables. On en peut s’attacher à aucun d’eux : égoïstes, perturbés, manipulateurs, vaniteux… Certaines scènes sont éprouvantes comme la description des mécanismes à l’oeuvre et qui ont conduit à l’effondrement (fonte du permafrost, virus, épidémies, famine…) qui sont des scénarios envisageables et donc anxiogènes. L’ambiance huis-clos est elle-aussi angoissante car finalement le lecteur comprend très vite ce que la famille ne semble pas assimiler alors qu’ils font comme si de rien était : la vie d’avant est finie. Du coup personnellement et malgré la fin légèrement optimiste, cela m’a un peu laissé sur ma faim. Je trouve l’évolution finale des personnages un peu artificielle.

Du coup pour la sélection, je ne suis pas la seule à décider, heureusement car je suis partagée et indécise.

Tous les bruits du monde, BAFFERT Sigrid

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Tous les bruits du monde de Sigrid Baffert. Milan, 2018. 15,90 €.

Sur le site de l’autrice.

Fonds du CDI.

Calabre, 1905.  » Tu le tues ou je te tue, avait dit le vieux Fernando Mancini à sa fille… » C’est ainsi que débutent les aventures de Graziella, une jeune fille de 16 ans « déshonorée » par Anthelmo, le garçon qu’elle aimait. De l’Italie à la France, un grand roman d’aventure.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en commençant ce roman car le résumé est très succinct et surtout, après lecture, ne révèle que très peu de choses des aventures qui attendent Graziella, ce qui n’est pas plus mal. Dès le premier chapitre, la vengeance évoquée dans le résumé est faite et il reste au lecteur à se plonger dans l'(aventure avec l’héroïne et son plus jeune frère Baldassare. Aventures qui vous nous faire traverser la prison, un tremblement de terre, une traversée mouvementée, découvrir la France du début du siècle et trembler pour nos héros poursuivis par un esprit vengeur. Les thèmes abordés sont finalement plus riches que je ne m’y attendais et j’ai bien aimé la lecture, même si certains rebondissements sont assez prévisibles.

Cette nuit-là, MASSE Aurélie

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Cette nuit-là d’Aurélie Massé. Slalom, 2021. 15,95 €.

Sur le site de l’éditeur.

Fonds du CDI.

Quelques secondes pour s’effondrer, une nuit pour se relever, la vie pour se reconstruire. C’est l’histoire de Gabriel, l’insoumis pétillant, Agathe, la fêtarde insouciante, Alex, l’élève parfait, Sarah, la discrète mal dans sa peau. C’est aussi et surtout l’histoire d’Eden, dont l’aura suffit à combler le mutisme. C’est l’histoire d’un secret, de gestes déplacés qui mènent un jour à l’inconcevable… Durant une nuit, le temps s’arrête et cinq vies basculent.

Je n’aurais peut-être pas acheté ce roman pour le CDI si je l’avais lu avant et il tombe bien dans ma démarche actuelle d’ajouter un petit avertissement sur la quatrième de couverture de certains livres abordant des sujets durs et / ou sensibles et / ou violents (démarche débutée depuis quelques jours). Pour diverses raisons personnelles, j’ai trouvé cette lecture difficile. Elle est parfois aussi dérangeante notamment par l’absence flagrante des adultes, des parents autour de ces 5 adolescents. Le récit est compressé sur deux journées (ce qui entraîne quelques longueurs) et la nuit entre qui fait basculer définitivement ces adolescents dans le monde adulte. Heureusement la fin laisse entrevoir un brin d’espoir et une possibilité de reconstruction.

Le Fracas et le silence, ANDERSON Cory

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Le Fracas et le silence de Cory Anderson. PKJ, 2021. 18,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Fonds du CDI.

Jack Dahl, 17 ans, n’a plus d’espoir, plus d’avenir, personne sur qui compter, hormis son petit frère Matty. Depuis la mort de leur mère, les ressources des deux garçons s’amenuisent inexorablement. Alors, pour éviter de devoir confier son frère à un orphelinat, Jack doit trouver le mystérieux sac rempli de billets qui a envoyé leur père en prison.
Ava Bardem a le même âge que Jack. Elle se cache, son existence n’est que solitude et silence. Cela fait dix-sept ans que son père, Victor, baron de la drogue, contrôle sa vie dans les moindres détails. Il lui a appris à n’aimer personne, à ne pas faire confiance aux autres. Et il recherche le même sac d’argent que Jack. Quand les routes des deux familles se croisent, Ava doit faire un choix déchirant : se taire par loyauté envers son père ou aider les deux frères à survivre…

J’ai mis un peu de temps à entrer dans ma lecture, à cause des circonstances (commencé avant une opération, terminé alors que je me remettais d’une anesthésie) et non à cause de l’histoire en elle-même. Celle-ci souffre de quelques longueurs et de quelques facilités scénaristiques, mais malgré tout l’intrigue est haletante et les personnages attachants. On a donc hâte de savoir ce qui va leur arriver et on a peur pour eux car Bardem est vraiment présenté comme un monstre, en très peu de passages, qui suffisent à montrer qu’il est sans-pitié. L’ambiance générale, liée à la météo est pesante et glacée, donc contente d’être au chaud pendant ma lecture. Le petit plus : les chapitres d’abord numéroté dans l’ordre chronologique puis à l’envers comme un compte-à-rebours.

Replay. Mémoires d’une famille, MECHNER Jordan

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Replay. Mémoires d’une famille de Jordan Mechner. Delcourt, 2023. 29,95 €.

Sur le site de l’éditeur.

Sur le site de l’auteur et sa page Wikipédia.

Annexes de Replay, pour en savoir plus.

Acheté pour le CDI.

Franzi, 7 ans, est séparé de ses parents et devient réfugié dans la France occupée de 1940. Son père, autrichien menacé par le nazisme, a vécu la Première Guerre, connu le Front russe et doit fuir son pays pour l’Amérique. 80 ans plus tard, le fils de Franzi, Jordan Mechner, raconte leurs histoires grâce aux carnets tenus par chacun d’entre eux et y mêle son expatriation professionnelle des États-Unis en France.

Ne jouant pas aux jeux vidéos, le nom de Jordan Mechner m’était totalement inconnu, ayant croisé ce titre lors de ma veille sur les sites d’éditeurs. Forcément le sujet de l’histoire familiale avec le récit des exils successifs de ces trois générations m’a interpellé et je ne regrette pas mon achat, même si la bande-dessinée aura sûrement du mal à trouver son public dans mon fonds. C’est dommage car c’est intéressant à plus d’un niveau : les histoires personnelles et familiales d’abord, puis l’Histoire avec la Seconde Guerre Mondiale en fond et enfin le travail de conservation de la mémoire fait par Jordan à partir du récit autobiographique de son grand-père. J’ai bien aimé le dessin et le choix des tons monochromes avec une seule couleur associée à une époque, même si parfois celles-ci s’entrecroisent rapidement ce qui peut parfois perdre le lecteur entre les allers et retours dans les différentes époques.

Long way down, REYNOLDS Jason, NOVGORODOFF Danica

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Long way down de Jason Reynolds et Danica Novgorodoff. Milan, 2023. 16,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Sur le site de l’auteur et de l’illustratrice.

Acheté pour le CDI.

Dans le quartier de Will, les règlements de compte entre gangs sont monnaie courante. Le sang rougit souvent l’asphalte. Enfants ou adultes, ça n’a pas de grande importance pour ceux qui tuent. Sauf que cette fois, c’est Shawn qui est mort. Shawn, le seul et unique frère de Will. Et quand quelqu’un meurt dans le quartier de Will, il existe trois règles essentielles. Ne pas pleurer. Ne pas balancer. Se venger. Dans l’ascenseur, en route pour tuer le présumé meurtrier de son frère, Will fait face à d’étranges fantômes. S’il existe un moyen pour faire cesser le cycle incessant des vengeances, Will est peut-être le seul à pouvoir tout changer.

Adaptation en BD du roman du même nom et du même auteur, Long Way down est vraiment un titre poignant et je trouve l’adaptation réussie. Les illustrations, comme faites à l’aquarelle, sont très douces et comme pour le roman, on se laisse happer par l’histoire et les différents personnages que Will retrouve dans son esprit et ses pensées, jusqu’à être apaisé lui aussi. Je vais maintenant pouvoir les présenter ensemble aux élèves.

Bad girls, MATHIEU Jennifer

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Bad girls de Jennifer Mathieu. Milan, 2023. 15,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Acheté pour le CDI.

1964, Houston, Texas.

Evie et ses amies sont des « bad girls » et fières de l’être ! Trop bruyantes, trop maquillées… infréquentables ! Leurs ennemis ? Les filles et fils de la haute, qu’elles évitent à tout prix. Jusqu’au jour où Evie croise la route de Diane. Diane, qui est l’incarnation même de la jeune fille de bonne famille. Diane, qui tue un homme pour sauver Evie.

J’avais déjà lu Moxie, aussi dans le fonds du CDI de l’autrice, que j’avais bien aimé. J’ai acheté celui-ci par le résumé qui m’a semblé changer de l’ordinaire, déjà pour l’époque dans laquelle l’histoire se situe, que l’on ne connaît que par les films bien souvent ou pour des œuvres autour de la ségrégation. Ici il est vaguement question de celle-ci, en arrière-plan mais j’ai bien aimé que les inégalités abordées soient principalement celles entre riches et pauvres, et que la stigmatisation qui découle de celle-ci touche aussi bien les jeunes d’un côté que de l’autre. Le personnage de Diane est bien entendu très touchant (j’avais deviné son secret mais cela reste très émouvant) et j’ai bien aimé qu’Evie se cherche. Attirée par ces « bad girls » légèrement plus âgées qui l’ont prises sous leurs ailes mais en même temps prête à faire confiance à Diane avant même de tout savoir d’elle. On sent qu’au fond d’elle, elle n’a pas basculé complètement du « mauvais » côté, si on peut dire vu qu’ici le mauvais côté signifie surtout la liberté des filles. Je me doutais que la fin ne pourrait être complètement positive et joyeuse pour tout le monde, tout en me demandant comment ça allait se finir. Mais pas déçue même si un peu triste. Maintenant je dois chercher comment en faire la promo auprès des élèves.

Cœurs et âmes, HOOVER Colleen

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Cœurs et âmes de Colleen Hoover. Hugo publishing, 2022. 7,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Acheté pour le CDI.

Beyah a grandi dans la pauvreté, auprès d’une mère droguée qui l’a négligée durant toute son enfance. À dix-neuf ans, elle est enfin prête à voler de ses propres ailes. Seule, avec détermination, elle a su trouver une issue et s’apprête à entrer à l’université avec une bourse obtenue grâce à ses talents de sportive. Alors qu’elle est à deux mois de ce grand départ, la mort brutale de sa mère la plonge dans une situation très compliquée. Sans logement, elle n’a qu’un seul recours : chercher refuge auprès de son père, qui ne s’est jamais occupé d’elle, mais a conservé un lien ténu avec elle. Beyah va débarquer dans sa maison sur une presqu’île touristique où elle va faire connaissance avec les membres de la famille qu’il a bâtie loin d’elle : sa demi-sœur et sa belle-mère. À sa grande surprise, elle est accueillie chaleureusement dans ce milieu si différent du sien. Elle va aussi rencontrer Samson, un garçon de son âge, qui vit dans la somptueuse maison voisine. Ils n’ont rien en commun, pourtant elle sent en lui une âme sœur. Au cœur de cet été, elle va se rapprocher de lui et apprendre à connaître ce mystérieux jeune homme.

Les élèves réclament de plus en plus de romance, voire de la dark romance. Comme il est hors de question pour moi d’acheter pour le CDI des histoires glauques / violentes sans intérêt comme celles dont la pub se fait beaucoup et à laquelle elles ont accès facilement (non vendue en rayon ado et donc non contrôlée), je voulais quand même leur proposer des titres qui circulent beaucoup, mais sans le côté dark et faisant la promotion d’histoire « d’amour » toxiques. Ce titre de Colleen Hoover semblait répondre à ces critères tout en proposant une histoire d’amour actuelle. En plus la couverture est très belle, ce qui ne gâche rien. Mais je n’avais pas eu le temps de le lire avant bien entendu donc il faisait absolument partie des priorités de lecture de l’été. Je ne regrette pas mon achat : rien de toxique ou malsain dans l’histoire, qui reste une bluette romantique entre deux grands ados que tout semble opposer au début. Les quelques scènes d’amour restent très soft et l’ai bien aimé l’évolution des personnages, même si l’on échappe pas à quelques clichés étasuniens. Le personnage de Samson répond à tous les critères du beau mec ténébreux et énigmatique mais j’ai bien aimé le tour que prend son histoire. Mention spéciale aussi à Sara, la demi-sœur qui aurait pu être agaçante car un peu cliché mais qui finalement est un pendant intéressant à Beyah.

Et ça m’a fait du bien de me plonger dans une lecture plus légère après les deux derniers romans.