Jusque dans la terre de Sue Rainsford. Aux Forges de Vulcain, 2022. 20 €.
Lecture dans le cadre de la pré-sélection pour le Prix Jean Monnet des Jeunes Européens 2024.
Ada vit avec son père dans une clairière, en bordure d’une forêt, non loin de la ville. Ils passent leur temps à soigner les habitants qui leur confient leurs maux et leurs corps, malgré la frayeur que ces deux êtres sauvages leur inspirent parfois. Un jour, Ada s’éprend de Samson, un de ces habitants. Cette passion, bien vite, suscite le dépit voire la colère du père de la jeune fille et de certains villageois. L’adolescente se retrouve déchirée par un conflit de loyauté entre son héritage vénéneux et cet élan destructeur qui l’emmène loin de tout ce qu’elle a connu.
Dernier roman lu pour la sélection du prix et je ne me souviens pas avoir déjà lu quelque chose de comparable. On est à la frontière entre réel et magie, sans savoir de quel côté l’histoire finira par basculer. On est légèrement hors du temps (il y a des automobiles mais peu d’autres preuves de notre monde), dans un endroit non géolocalisable et emporté dans une histoire déroutante. Il faut accepter de laisser de côté la raison et l’esprit cartésien pour se laisser emporter par Ada et son père et leurs pratiques « magiques » et se laisser prendre par le véritable enjeu du roman : un vrai récit d’émancipation. Le tout est à ka fois poétique et dérangeant mais on ressort de la lecture marqué sans nul doute. Et la couverture est sublime.