Archives de Tag: racisme

Olympe de Gouges, CATEL, BOCQUET José-Louis

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Olympe de Gouges de Catel et José-Louis Bocquet. Casterman, 2016. 26 €.

Sur le site de l’éditeur.

Le site de l’illustratrice.

Mariée et mère à 18 ans, veuve aussitôt après, Marie Gouzes décide ensuite de vivre librement. Elle se fera désormais appeler Olympe de Gouges. Femme de lettres, fille des Lumières, libertine et républicaine, Olympe a côtoyé la plupart de ceux qui ont laissé leur nom dans les livres d’histoire au chapitre de la Révolution : Voltaire, Rousseau, Mirabeau, Lafayette, Benjamin Franklin, Philippe Egalité, Condorcet, Théroigne de Méricourt, Desmoulins, Marat, Robespierre… En 1791, quand elle rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe demande l’égalité entre les sexes et le droit de vote; des propositions qui resteront révolutionnaires jusqu’au XXème siècle.

Comme le précédant, je voulais le lire depuis longtemps et ne connaissant Olympe de Gouges que de nom, principalement pour sa déclaration des droits de la femme, j’ignorais qu’elle avait tant écrit. Là encore, le dessin est magnifique et plein de détails.

 

Sauveur & fils saison 5, MURAIL Marie-Aude

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Sauveur & fils saison 5 de Marie-Aude Murail. L’école des loisirs, 2019. 17 €.

Sur le site de l’éditeur.

La critique des saisons précédentes.

Acheté pour le CDI.

Deux années ont passé depuis la saison 4, et pendant ce temps, que sont devenus Blandine et Margaux Carré, Samuel Cahen, Lionel et Maïlys, Ella-Elliot, Frédérique Jovanovic ? Et la famille recomposée de Sauveur ? Et puis, comme à chaque saison, de nouveaux personnages vont faire leur entrée, Louane et ses animaux de soutien émotionnel, Madame Tapin qui, à 81 ans découvre le féminisme… Une nouvelle fois, le cabinet de consultation de monsieur Saint-Yves nous ouvre ses portes.

Ah que ça fait du bien de retrouver Sauveur et sa tribu entre patients, famille et animaux (un petit nouveau à découvrir parmi les hamsters et les cochons d’Inde) ! Après avoir rencontré Marie-Aude Murail en début d’année et alors que je suis en train de lire En nous beaucoup d’hommes respirent, j’étais contente de retrouver cette série à la fois légère et réflexive, au point de lire le livre en 2 jours. Malgré l’ellipse temporelle on apprend ce que sont devenus les personnages, peut-être une légère déception par-rapport au traitement de Gabin qui n’a pas beaucoup évolué et un espoir d’une saison 6 pour terminer vraiment les parcours de certains personnages.

Wake up America, LEWIS John, AYDIN Andrew, POWELL Nate

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Wake up America de John Lewis, Andrew Aydin et Nate Powell. Rue de Sèvres, 2014-2017. 3 tomes. 

Sur le site de l’éditeur.

Pages Wikipédia de John Lewis et de Nate Powell.

Emprunté à la Bibliothèque de la Cité de la BD d’Angoulême.

Récit de la longue marche des Noirs américains vers l’égalité des droits, notamment celui de voter, raconté à partir de la vie du député John Lewis, démocrate, icône américaine, seul membre encore vivant des Big Six, dont faisait partie Martin Luther King.

Je ne connaissais pas John Lewis et ignorais l’existence d’une telle multiplicité de mouvements ayant lutté pour les droits civiques, avec des méthodes différentes. Cette BD entièrement en noir et blanc au dessin particulièrement fin et détaillé raconte cette longue lutte de 1940 à 1965 sous la forme de longs flashbacks du narrateur, John Lewis, alors qu’il s’apprête à assister en 2009 à la prestation de serment de Barack Obama, premier président noir des USA. Par la multiplicité des personnages, des partis et des discours, on peut cependant être perdus parfois, d’où l’importance de peut-être aborder cette BD avec quelques bases en Histoire.

Audrey & Anne, JANZING Jolien

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Audrey & Anne de Jolien Janzing. Editions l’Archipel, 2018. 22 €.

Sur le site de l’éditeur.

Acheté pour le CDI cette année après lecture dans le cadre d’une pré-sélection de prix littéraire.
Automne 1957 : douze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Otto, le père d’Anne Frank, rend visite en Suisse à une étoile montante du cinéma, Audrey Hepburn. Il veut la persuader d’interpréter le rôle de sa fille dans un film qui va lui être consacré.
Printemps 1929 : deux filles voient le jour, Audrey à Bruxelles, Anne à Francfort. Toutes les deux marqueront l’histoire.
Les deux adolescentes partagent bien des points communs. Toutes deux ont été contraintes de quitter très jeunes leur pays natal. Audrey, issue de la haute société européenne, est envoyée dans un pensionnat anglais. Juifs, Anne et sa famille fuient aux Pays-Bas. Les deux filles avaient une relation compliquée avec leur mère et trouvent refuge dans la danse pour l’une, dans l’écriture pour l’autre. La demande d’Otto réveille en Audrey de douloureux souvenirs. Ses parents, sa mère en particulier, ne frayaient-ils pas avec de hauts dignitaires nazis ?
J’ai beaucoup aimé ce roman lors de la lecture dans le cadre de la pré-sélection, à tel point que je l’ai acheté pour le CDI dans la première commande de l’année. Je connaissais Audrey Hepburn mais pas son histoire, Anne Frank par son journal. Avoir ici les deux destins côte à côte est très intéressant à la fois pour leurs points communs et leurs différences, de milieu social, de caractère, de destin. J’espère qu’il va être retenu pour le prix littéraire. Préparant en plus un voyage à Amsterdam avec les élèves avec notamment au programme la visite de la maison d’Anne Frank, ce livre faisait écho à mes recherches et mes préoccupations du moment. L’écriture de Jolien Janzing, que je ne connaissais pas, est simple mais très belle et maintenant j’aimerais lire son précédent roman : L’amour caché de Charlotte Brontë.

The hate U give, THOMAS Angie

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The hate U give d’Angie Thomas. Nathan, 2018. 17,95 €.

Sur le site de l’éditeur.

Le site de l’auteure.

Acheté pour le CDI cette année.

Starr a seize ans, elle est noire et vit dans un quartier difficile, rythmé par les guerres entre gangs, la drogue et les descentes de police. Tous les jours, elle rejoint son lycée blanc situé dans une banlieue chic ; tous les jours, elle fait le grand écart entre ses deux vies, ses deux mondes. Mais tout vole en éclats le soir où son ami d’enfance Khalil est tué. Sous ses yeux, de trois balles dans le dos. Par un policier trop nerveux. Starr est la seule témoin. Et tandis que son quartier s’embrase, tandis que la police cherche à enterrer l’affaire, tandis que les gangs font pression sur elle pour qu’elle se taise, Starr va apprendre à surmonter son deuil et sa colère et à redresser la tête.

Un roman puissant, « coup de poing » dans la lignée du mouvement #BlackLivesMatter qui dénonce les violences policières à l’encontre des Afro-Américains. Les personnages sont très intéressants, chacun avec leurs préoccupations, leurs qualités et leurs défauts, que ça soit Starr, ses parents, sa famille ou ses amis. Et presque tous évoluent au long du roman. Starr est un personnage attachant, déchiré entre sa vie dans le quartier et celle dans son lycée privé, mais qui va apprendre à concilier les deux pour être seulement la personne qu’elle est et veut être. Un très beau roman qui plaira sûrement aux élèves.

Le roman est déjà adapté en film. Sortie prévue fin janvier en France :

Terra Australis, NICLOUX Philippe, BOLLEE L.F.

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Terra Australis de Philippe Nicloux et JF Bollée. Glénat, 2013. 45 €.

Sur le site de l’éditeur.

Emprunté à la Bibliothèque de la Cité de la BD d’Angoulême.

Une des plus incroyables odyssées humaines de l’Histoire a eu lieu il y a un peu plus de 220 ans. Environ 1 500 hommes et femmes ont été déportés, entassés à bord de 11 navires, parcourant plus de 24 000 km sur trois océans. Ils étaient des bagnards, des forçats, des condamnés… le rebut de l’Angleterre ! On les a envoyés à l’autre bout du monde, dans un pays qui n’existait pas encore. Aller sans retour vers l’enfer ou chance inespérée d’une nouvelle vie ? Plus rien ne sera comme avant autour de ce nouveau monde, issu d’une terre ancestrale que les habitants d’origine appelaient Bandaiyan.

Cette BD énorme (plus de 500 pages) retrace les prémices de la colonisation de ce qui deviendra l’Australie. Sur la totalité du volume on passe moins de temps en Australie qu’en Angleterre ou en mer car la BD retrace tout le processus en amont, les décisions… ce qui est vraiment très intéressant. On vit cette aventure à travers les personnages historiques, marins et soldats mais aussi à travers les destins de quelques-uns de ces prisonniers envoyés au bout du monde pour fonder un nouveau pays. On est entre le documentaire et la pure fiction. Le dessin en noir et blanc est très détaillé, les planches souvent sublimes. J’avais repéré ce titre lors de sa sortie mais j’avais été freinée par le prix. Je ne regrette pas d’avoir enfin pu la lire depuis le temps, surtout maintenant que la suite est sortie, Terra Doloris.

Et soudain, la liberté, PISIER Evelyne, LAURENT Caroline

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Et soudain, la liberté d’Evelyne Pisier et Caroline Laurent. Editions Les Escales, 2017. 19,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Sélection et lauréat Prix des lycéennes du magazine ELLE 2017-18.

Mona Desforêt a pour elle la grâce et la jeunesse des fées. En Indochine, elle attire tous les regards. Mais entre les camps japonais, les infamies, la montée du Viet Minh, le pays brûle. Avec sa fille Lucie et son haut-fonctionnaire de mari, un maurrassien marqué par son engagement pétainiste, elle fuit en Nouvelle-Calédonie. À Nouméa, les journées sont rythmées par la monotonie, le racisme ordinaire et les baignades dans le lagon. Lucie grandit ; Mona bovaryse. Jusqu’au jour où elle lit Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir. C’est la naissance d’une conscience, le début de la liberté. De retour en France, divorcée et indépendante, Mona entraîne sa fille dans ses combats féministes : droit à l’avortement et à la libération sexuelle, égalité entre les hommes et les femmes. À cela s’ajoute la lutte pour la libération nationale des peuples. Dès lors, Lucie n’a qu’un rêve : partir à Cuba. Elle ne sait pas encore qu’elle y fera la rencontre d’un certain Fidel Castro…

De façon romancée, Caroline Laurent raconte ici l’histoire d’Evelyne Pisier et de la mère de celle-ci qui rejoint les grandes heures de l’Histoire. Caroline a terminé le roman au décès de son amie à sa demande. A-travers ces deux destins de femmes, on se retrouve plongée dans les luttes pour l’acquisition de certains droits par les femmes. 

Les élèves et moi-même avons beaucoup aimé le roman et avons été très heureuses qu’il obtienne le prix à la remise duquel nous avons assisté le 30 mai à Paris. Le discours de remerciements de Caroline Laurent, plein d’émotions, était dédié à Evelyne Pisier et exhortait les jeunes filles présentes à continuer à lire pour toujours acquérir plus de liberté et le droit à la parole.

Petit pays, FAYE Gaël

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Petit pays de Gaël Faye. Le livre de poche, 2017. 7,20 €.

Sur le site de l’éditeur.

Le Facebook de l’auteur.

Acheté pour le CDI cette année.

En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel  voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…

Prix Goncourt des lycéens 2016, j’ai attendu qu’il sorte en poche pour l’acheter pour le CDI et donc le lire. C’est maintenant chose faite. Une lecture prenante, avec des passages durs et une tension qui s’installe peu à peu alors que les événements s’enchaînent pour aboutir aux massacres que l’on sait. Gaël Faye manie très bien la langue et certains passages sont de la poésie (Gaël Faye est aussi auteur-compositeur-interprète).

Samedi 14 novembre, VILLEMINOT Vincent

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Samedi 14 novembre de Vincent Villeminot. Editions Sarbacane, 2016. 15,50 €. Collection Exprim’.

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Critique sur France Inter.

Acheté pour le CDI.

b_1_q_0_p_0-2Vendredi 13 novembre 2015. B. était à la terrasse du café, quand les terroristes ont tiré. Son frère est mort, lui s’en sort presque indemne. Hagard, il quitte l’hôpital au matin, monte dans le métro. Son regard croise celui d’un passager… Stupeur. Il reconnaît ce visage : il s’agit d’un des hommes qui ont tué, la veille. Alors que ses proches le recherchent dans une capitale meurtrie, B., sous le choc, décide de suivre l’assassin jusqu’à sa planque. Samedi 14 novembre est le récit du jour qui va suivre.

Un roman que je voulais lire depuis sa sortie à la fois pour son auteur et pour son sujet. La construction du roman est originale : 5 actes, avec des entractes qui donnent la parole à des personnages très secondaires, croisés par le héros, qui incarnent ici la voix de la population, celle qui a vécue de près ou de plus loin les attentats… Ils permettent de souffler dans l’action souvent violente et sans pause de l’intrigue principale, tout en raccordant ce qui se joue dans cette planque à la réalité qui continue à l’extérieur. Autre particularité intéressante, le personnage principal, traumatisé, est réduit à une initiale, B., jusqu’à ce qu’il retrouve ses esprits, jusqu’à ce qu’il se retrouve et du coup retrouve son identité et son humanité.

Vincent Villeminot imagine un « et si ? ». Et si une victime croisait la route de l’un de ses bourreaux ? Ce qu’il imagine est brutal, pas bienveillant mais en même temps à un moment un tournant s’exerce. La fin reste floue, sûrement volontairement, mais optimiste aussi et à la lecture, pris aux tripes, on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’on ferait nous dans une telle situation…

A la rentrée, le roman va rejoindre les autres nouveautés mais je ne pense pas le mettre plus en avant dans un premier temps. Je ne pense pas qu’il ai besoin d’être « vendu » auprès des élèves, on verra. Par contre à réserver aux lycéens ou collégiens plus âgés et mûrs.

Lune indienne, BABENDERERDE Antje

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Lune indienne d’Ante Babendererde. Bayard jeunesse, 2007. 11,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

Bibliothèque personnelle, acheté lors de mon premier Salon du Livre de Montreuil en 2010.

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Lorsque sa mère apprend à Oliver, 15 ans, qu’ils vont quitter l’Allemagne pour la réserve amérindienne de Pire Ridge dans le Dakota du Sud parce qu’elle épouse Rodney, un Lakota, son monde s’écroule. Il refuse de quitter ses amis, son monde, sa maison et sa petite amie, pour un pays inconnu. Le changement est inévitable et malgré les efforts de Rodney, l’intégration d’Oliver est difficile dans ce nouvel environnement qu’il ne maîtrise pas, entouré d’une nouvelle famille plus ou moins accueillante, face à des problématiques nouvelles pour lui.

Un roman acheté il y a déjà 6 ans et qui patientait sagement dans ma bibliothèque, en attendant son heure, à côté de beaucoup d’autres. Je suis incorrigible avec des tendances écureuil… Et finalement lu en moins de deux jours grâce à un long trajet en voiture. Une histoire vraiment originale dans l’édition jeunesse, pour découvrir un monde rarement abordé : la culture amérindienne et notamment par le biais de la vie de nos jours dans les réserves. Ce qui implique traditions, alcoolisme, chômage mais aussi initiatives pour s’en sortir en combinant traditions ancestrales et monde moderne. Mon attrait pour la culture amérindienne a trouvé son compte même si parfois l’accumulation de nombreux événements en peu de temps laisse penser à des passages obligés, comme un catalogue. Les personnages sont tous bien dépeints et intéressants quoique certains sont un peu caricaturaux, notamment grand-père Joe ou Ryan. J’ai beaucoup aimé même si la fin m’a laissé sur ma faim justement…