Archives de Tag: immigration

Histoire de Khady Demba, NDIAYE Marie

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Histoire de Khady Demba – Trois femmes puissantes de Maris NDiaye. Belin / Gallimard, 2022. 5,30 €. Collection ClassicoLycée.

Sur le site de l’éditeur.

La page Wikipédia de l’auteure.

Fonds du CDI.

Au Sénégal, Khady Demba se retrouve sans biens et sans enfant lorsque son époux meurt. Sa belle-famille l’expulse alors du foyer et la force à migrer vers l’Europe pour travailler et lui envoyer de l’argent. Pour Khady, héroïne à la dignité sans faille, commence une errance, au gré des rencontres, entre espoir et cruauté.

Je n’ai pas eu l’occasion de lire Trois femmes puissantes pour lequel Marie NDiaye a reçu le Goncourt donc j’ai saisi l’occasion d’en lire une partie en recevant ce spécimen scolaire pour le CDI. L’histoire est loin d’être joyeuse et fait énormément écho avec ce qu’on a pu entendre et voir comme histoires depuis quelques années avec le drame des migrants. J’ai beaucoup aimé le style et la façon de raconter l’histoire avec le point de vue de l’héroïne qui rappelle son nom et s’accroche à son humanité alors qu’elle est perdue et entraînée dans des événements qu’elle ne comprend ni ne gère.

Soleil Amer, HASSAINE Lilia

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Soleil amer de Lilia Hassaine. Gallimard, 2021. 16,90 €.

Sur le site de l’éditeur.

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Acheté pour le CDI.

À la fin des années 50, dans la région de l’Aurès en Algérie, Naja élève seule ses trois filles depuis que son mari Saïd a été recruté pour travailler en France. Quelques années plus tard, devenu ouvrier spécialisé, il parvient à faire venir sa famille en région parisienne. Naja tombe enceinte, mais leurs conditions de vie ne permettent pas au couple d’envisager de garder l’enfant…

Je connais Lilia Hassaine pour ses chroniques dans Quotidien, je n’ai pas encore lu son premier roman L’oeil du paon, mais le résumé de celui-ci m’attirait beaucoup. Alors après qu’une élève en ai parlé au Café Livres, je l’ai acheté pour le CDI, profitant de mon Covid pour le lire. Le dévorer plutôt. L’histoire est très intéressante soulevant les différents problèmes rencontrés par les immigrés puis leurs descendants à commencer par ce regroupement dans des quartiers HLM, d’abord très confortables et modernes, mais peu à peu laissés à l’abandon et se détériorant. Les personnages, notamment les trois filles, sont très différentes mais complémentaires, et l’écriture très belle. Un seul regret, les ellipses alors que parfois j’aurais voulu savoir ce qui arrivaient à certains personnages dans les périodes laissées de côté.

Le Journal de ma disparition, GREBE Camilla

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Le Journal de ma disparition de Camilla Grebe. Le livre de poche, 2018. 8,40 €.

Sur le site de l’éditeur.

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Fonds du CDI.

Il y a huit ans, Malin, alors adolescente, a découvert une fillette enterrée dans la forêt de Ormberg, une ville suédoise isolée. On n’a jamais pu identifier la petite victime. Devenue une jeune flic ambitieuse, Malin est affectée auprès de Hanne, la célèbre profileuse, et de l’inspecteur Peter Lindgren qui reprennent l’affaire. Mais Peter disparaît du jour au lendemain, et Hanne est retrouvée blessée et hagarde dans la forêt. L’unique témoin est un adolescent qui erre dans les bois. Sans le dire à personne, celui-ci récupère le journal que Hanne a laissé tomber et se met à le lire, fasciné… Désormais seule dans son enquête, Malin est appelée sur les lieux du tout premier crime : une nouvelle victime a été découverte. Et si tous ces faits étaient tragiquement liés ?

Un polar dépaysant, des personnages ambigus, des suspects multiples et une ambiance xénophobe et renfermée sur soi pesante. L’alternance des chapitres entre Hanne et Jack est parfois un peu pesante car parfois on aimerait sauter au prochain chapitre pour suivre l’avancement de l’une ou l’autre enquête. Les meurtres en eux-mêmes (ou les mobiles et le dénouement) ne sont pas forcément « originaux », mais l’ambiance générale est intéressante.

Brexit romance, BEAUVAIS Clémentine

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Brexit romance de Clémentine Beauvais. Editions Sarbacane, 2018. 17 €.

Sur le site de l’éditeur.

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Fonds du CDI.

Juillet 2017 : un an que « Brexit means Brexit » !

Ce qui n’empêche pas la rêveuse Marguerite Fiorel, 17 ans, jeune soprano française, de venir à Londres par l’Eurostar, pour chanter dans Les Noces de Figaro ! À ses côtés, son cher professeur, Pierre Kamenev. Leur chemin croise celui d’un flamboyant lord anglais, Cosmo Carraway, et de l’électrique Justine Dodgson, créatrice d’une start-up secrète, BREXIT ROMANCE. Son but ? Organiser des mariages blancs entre Français et Anglais… pour leur faire obtenir le passeport européen. Mais pas facile d’arranger ce genre d’alliances sans se faire des noeuds au cerveau – et au coeur !

Et voilà avec cette lecture, j’ai fini de lire les romans de Clémentine Beauvais sortis à ce jour :-). Une lecture légère, souvent drôle que j’ai plutôt appréciée malgré quelques petites choses agaçantes, notamment chez les personnages principaux, et ce côté « super moderne » (utilisation à outrance des applications numériques et d’un langage jeunes…) mais en même temps ça permet d’ancrer le roman dans l’époque. Mais dans l’ensemble, rien que le pitch est intéressant est original donc on passe un très bon moment de lecture.

Maintenant je vais raconter, DIALLO Mamadou Aliou

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Maintenant je vais raconter de Mamadou Aliou Diallo et Nadia Goralski. Actes Sud  junior, 2019. 11,50 €.

Sur le site de l’éditeur.

Acheté pour le CDI.

Mamadou a quitté la Guinée enfant avec sa mère pour rejoindre son père en Libye. Puis la guerre civile éclate et ses parents sont tués. Seul à quatorze ans, il va devoir survivre et prendre la route de l’Europe. Traversée dangereuse de la Méditerranée, passage des Alpes en clandestin, arrivée difficile en France : ce véridique récit d’un jeune migrant parmi d’autres fait entendre les voix de tous ses compagnons d’odyssée, qui se battent chaque jour pour trouver un avenir meilleur.

Un récit très touchant sur le parcours d’un jeune immigré. Mamadou raconte son voyage dans un premier temps depuis la Guinée jusqu’en Libye puis sa traversée de la Méditerranée, l’Italie et le chemin jusqu’en France après la mort de ses parents. Sans savoir ni lire ni écrire, sa seule volonté depuis toujours était d’aller à l’école. Il décide de raconter son parcours, avec l’aide de ses familles d’accueil, pour expliquer pourquoi à 16 ans on décide de partir comme ça, de risquer sa vie pour espérer trouver une vie meilleure. Les mots sont simples, ils n’omettent pas les violences, la douleur, la guerre mais jamais il ne s’apitoie sur son sort qui est celui de nombreux migrants. Mention spéciale pour sa simplicité quand il souligne les aberrations des services sociaux ou des institutions dans la prise en charge de son dossier.

Terra Australis, NICLOUX Philippe, BOLLEE L.F.

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Terra Australis de Philippe Nicloux et JF Bollée. Glénat, 2013. 45 €.

Sur le site de l’éditeur.

Emprunté à la Bibliothèque de la Cité de la BD d’Angoulême.

Une des plus incroyables odyssées humaines de l’Histoire a eu lieu il y a un peu plus de 220 ans. Environ 1 500 hommes et femmes ont été déportés, entassés à bord de 11 navires, parcourant plus de 24 000 km sur trois océans. Ils étaient des bagnards, des forçats, des condamnés… le rebut de l’Angleterre ! On les a envoyés à l’autre bout du monde, dans un pays qui n’existait pas encore. Aller sans retour vers l’enfer ou chance inespérée d’une nouvelle vie ? Plus rien ne sera comme avant autour de ce nouveau monde, issu d’une terre ancestrale que les habitants d’origine appelaient Bandaiyan.

Cette BD énorme (plus de 500 pages) retrace les prémices de la colonisation de ce qui deviendra l’Australie. Sur la totalité du volume on passe moins de temps en Australie qu’en Angleterre ou en mer car la BD retrace tout le processus en amont, les décisions… ce qui est vraiment très intéressant. On vit cette aventure à travers les personnages historiques, marins et soldats mais aussi à travers les destins de quelques-uns de ces prisonniers envoyés au bout du monde pour fonder un nouveau pays. On est entre le documentaire et la pure fiction. Le dessin en noir et blanc est très détaillé, les planches souvent sublimes. J’avais repéré ce titre lors de sa sortie mais j’avais été freinée par le prix. Je ne regrette pas d’avoir enfin pu la lire depuis le temps, surtout maintenant que la suite est sortie, Terra Doloris.

Jugan, LEROY Jérôme

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Jugan de Jérôme Leroy. Folio, 2017. 6,60 €.

Sur le site de l’éditeur.

Sélection du Prix des lycéens des éditions Folio 2017-18.

Enseignant au collège Barbey-d’Aurevilly de Noirbourg, le narrateur y voit débarquer Joël Jugan, ancien leader du groupe d’extrême gauche Action Rouge. Ce dernier vient de purger une peine de dix-huit ans. En prison, il est « devenu un monstre, au physique comme au moral ». Son ancienne complice Clotilde le recrute au sein d’une équipe d’aide aux devoirs pour les élèves de la Zone. Il y croise Assia, une étudiante en comptabilité. Très vite, Assia est envoûtée par l’homme au visage ravagé. Ensorcelée aussi, peut-être, par la Gitane en robe rouge, qui, surprise à voler dans les rayons de la supérette de son père, lui a craché au visage d’étranges imprécations.

J’ai commencé la sélection par ce titre, non par attrait mais suite à une discussion sur le groupe Facebook du prix sur les réserves de certains collègues face à deux titres, celui-ci et un autre dont ma collègue s’est chargée. Après lecture, aucun ne nous pose problème pour les élèves mais je ne peux pas dire que j’ai aimé Jugan. Le roman prend la forme d’un long flashback rêvé par le narrateur 10 ans après les faits. Cette forme narrative permet d’expliquer que celui-ci est au courant d’événements auxquels il n’a pas assisté mais du coup ça m’a gêné par rapport aux pensées des autres personnages, à certaines de leurs actions, dont le narrateur ne pouvait être au courant. Dans ce roman, l’auteur explore la figure du monstre. Un monstre complet si on peut dire : Jugan est défiguré mais aussi un humain épouvantable. Il est difficile à dire si son accident et la prison sont seuls responsables de ce qu’il est devenu, pour ma part je pense qu’il était sérieusement « endommagé » avant. Du coup ça n’est pas un personnage auquel on peut s’identifier ni accrocher. Pour moi le problème est que du coup je n’ai accroché avec aucun des personnages, pas même avec Assia dont finalement on ignore trop de choses pour comprendre son attrait pour Jugan. Du coup, on comprend assez rapidement de quel dénouement il va être question sans avoir le temps (ou l’envie) de s’attacher à cette jeune fille dont on ne sait pas si elle est complètement manipulée ou pas. Une déception donc. J’attends de voir les retours des élèves et de ma collègue.

L’auteur parle de Jugan :

L’Opticien de Lampedusa, KIRBY Emma-Jane

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L’Opticien de Lampedusa d’Emma-Jane Kirby. Editions des Equateurs, 2016. 15 €.

Sur le site de l’éditeur.

Sélection du Prix Jean Monnet des Jeunes Européens 2017.

La cinquantaine, l’opticien de Lampedusa est un homme ordinaire. Avec sa femme, il tient l’unique magasin d’optique de l’île. Ils aiment les sardines grillées, les apéros en terrasse et les sorties en bateau sur les eaux calmes autour de leur petite île paradisiaque. Il nous ressemble. Il est consciencieux, s’inquiète pour l’avenir de ses deux fils, la survie de son petit commerce. Ce n’est pas un héros. Et son histoire n’est pas un conte de fées mais une tragédie : la découverte d’hommes, de femmes, d’enfants se débattant dans l’eau, les visages happés par les vagues, parce qu’ils fuient leur pays, les persécutions et la tyrannie.
N’ayant pas pu lire ce livre lors de la présélection pour le prix, je le découvre en même temps que les élèves dont les premiers retours sont très positifs et émotifs. Plus qu’un roman, il s’agit d’un documentaire (prolongement du reportage réalisé par l’auteur, journaliste pour la BBC) qui nous interroge sur nous-mêmes et nous questionne face à cette situation s’il nous arrivait de la vivre. Les émotions et questionnements sont particulièrement bien rendus et la scène de sauvetage est très bien écrite, on a l’impression de ressentir ce qui se passe à bord du bateau. J’ai hâte d’avoir un peu plus de retours d’élèves, plus construits lors de l’échange programmé la semaine prochaine et de rencontrer l’auteur lors de la remise du prix bien entendu.

Un thé pour Yumiko, OBATA Fumio

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Un thé pour Yumiko de Fumio Obata. Gallimard, 2014. Collection Bayou. 22 €.

Sur le site de l’éditeur.

Le site de l’auteur.

Prêt de la Bibliothèque de la Cité de la BD d’Angoulême.

a65770Quand elle apprend la mort de son père, Yumiko, jeune graphiste installée à Londres, doit retourner au Japon pour assister à la traditionnelle cérémonie des obsèques. Le voyage au pays de ses origines, jusque dans la ville où elle est née et a grandi, se révèle une succession d’émotions contradictoires et bouleversantes qui interrogent qui elle est devenue loin de ses origines.a65770_04a65770_03

Une bande-dessinée sur le conflit entre traditions et origines et l’intégration dans un nouveau pays et l’adoption de nouveaux codes. Est-ce que ces changements affectent qui nous sommes au fond et impliquent un choix ? Le sujet permet également d’aborder certaines traditions japonaises comme celles liées aux funérailles, très théâtralisées. Le dessin est très délicat et beau, les personnages parfois un peu rapidement esquissés et peu approfondis mais l’ensemble est très intéressant.